Communiqué de presse

Elections régionales 2019 : le logement, LA priorité absolue pour les communes et les SLSP

A quelques mois du scrutin régional de mai 2019, le Conseil d’administration de l’Union des Villes et communes de Wallonie (UVCW) vient d’adopter son Mémorandum Logement. Pour Jacques GOBERT, Président de l’UVCW et Bénédicte POLL, Présidente du Comité permanent des sociétés de logement de service public (SLSP) de l’UVCW, solide argumentaire et chiffres à l’appui, il est limpide que le logement doit être LA priorité absolue de la future majorité régionale pour les années à venir. 

Le droit à un logement décent et durable pour tous 

« Faut-il encore rappeler le rôle essentiel des pouvoirs publics de proximité, les communes bien sûr, mais aussi les sociétés de logement de service public, dans l’accès à un logement décent et durable, base de la dignité humaine, facteur d’inclusion sociale, d’émancipation et d’épanouissement des individus ? », interroge Jacques GOBERT. « Un Wallon sur quatre vit dans un ménage présentant un risque de pauvreté ou d’exclusion sociale. Le loyer mensuel moyen dans le privé approche les 600 € en Wallonie. C’est proprement impayable pour de nombreuses personnes. Qui d’autre dès lors, sinon les opérateurs publics, pour assurer un logement décent pour tous ? 

Des chiffres impressionnants illustrent les efforts des SLSP 

« Les chiffres parlent d’eux-mêmes », appuie Bénédicte POLL. « En soutien et en complément de l’action communale (salubrité, lutte contre l’inoccupation, réquisition douce), les SLSP gèrent plus de 100.000 logements d’utilité publique, soit 23 % du parc locatif wallon. Elles offrent ainsi un logement à près de 220.000 Wallons, pour un loyer moyen de 264 € par mois ». 

Des besoins qui restent criants 

« Toutefois, la précarisation gagne, si bien que le nombre de ménages-candidats locataires à un logement d’utilité publique reste très important, beaucoup trop », tempère Jacques GOBERT. « Il est proche de 40.000 ménages, soit environ 90.000 Wallons, en 2018. Ce nombre ne baisse plus ces dernières années, en dépit des efforts des acteurs de terrain pour créer du logement public et/ou capter des logements privés ». 

Des SLSP qui oscillent entre découragement et volontarisme 

Bénédicte POLL résume l’état d’esprit du secteur : « c’est intolérable, décourageant pour les hommes et les femmes qui se démènent sans compter, au quotidien, au sein des 64 SLSP.[1] L’image du tonneau des Danaïdes vient à l’esprit, d’autant que les besoins en termes de logements publics vont s’accentuer à l’avenir, en lien avec l’accroissement démographique (+ 350.000 nouveaux ménages d’ici 2050), le vieillissement de la population, la décohabitation et l’évolution de la composition des ménages. Tout cela va nécessiter une augmentation de l’offre et de nouveaux types de logement. Le risque de précarité aggravée des ménages wallons est réel ». 

Alors, que faire ? « Volontaristes, les SLSP sont décidées à se battre pour maintenir une offre de logements de qualité à loyer modéré. La réponse passe par la création massive de logements d’utilité publique et la poursuite des opérations de rénovation en termes de confort, de salubrité et de sécurité et de mise aux normes énergétiques (PEB). Ce qui suppose des moyens financiers considérables, dont les SLSP ne disposent pas, ou pas suffisamment », déplore Jacques GOBERT. 

Un indispensable refinancement 

Bénédicte POLL explique : « le modèle actuel de financement des SLSP repose principalement sur des recettes locatives aux montants plafonnés par l’autorité régionale, et des subsides à l’investissement trop faiblement cofinancés. Dans ce modèle, le fonds de réserve destiné à l’entretien courant et à la rénovation future du parc de logement ne peut que fondre inexorablement ». Et de poursuivre : « les subsides à l’investissement ont fait l’objet de plusieurs reports successifs et leur avenir reste incertain, en particulier le programme triennal d’ancrage, en rade depuis plusieurs années. Résultat : certaines SLSP vendent une partie de leur patrimoine pour tendre à l’équilibre financier et permettre la maintenance minimale de leur parc. Mais ce sont des rustines sur un esquif qui prend l’eau, malgré l’abnégation de l’équipage ».

 Une éclaircie dans la grisaille ambiante cependant : « la réforme des loyers est clairement un pas dans la bonne direction. Nous encourageons donc l’autorité régionale à poursuivre dans cette voie pour apporter de l’oxygène au niveau des recettes des SLSP, tout en veillant à préserver les capacités des locataires ». 

La reconnaissance du rôle majeur des SLSP 

Les SLSP souhaitent voir reconnue leur action décisive dans un tas de domaines. « Un rôle redistributif de premier plan, par la nature profondément sociale de leurs missions. Un poids économique considérable aussi, comme en atteste une étude universitaire de la VUB[2]. Un impact positif indéniable sur les plans environnemental, urbanistique et de qualité de vie. Une expertise immobilière forte et reconnue. Une contribution au développement de nouveaux produits et filières et à l’émergence de projets d’envergure et d’intérêt général au sein de nos villes et communes », énumère Bénédicte POLL. Le respect envers ce secteur doit impérativement se traduire par un refinancement considérable et pérenne, à la hauteur des enjeux ». 

Une main tendue au secteur privé 

« Les SLSP aspirent à davantage de partenariats avec le secteur privé. Car il faut être lucides, devant l’ampleur des défis, elles n’y arriveront pas seules, en dépit de leurs efforts », explique Jacques GOBERT. « Nous souhaitons donc mobiliser l’épargne privée, libérer l’initiative privée (prise en gestion, charges d’urbanisme, etc.), nouer des partenariats avec les acteurs privés, lever ou alléger les contraintes légales qui entravent les partenariats public-privé (PPP) et lancer des projets-pilotes PPP dans un esprit win-win (pondération des charges, partage de bonnes pratiques, etc.) ». 

Davantage de confiance, donc d’autonomie et de soutien 

« Nos SLSP et nos communes rêvent d’une autonomie accrue. En termes financiers certes, mais aussi de gestion. Laissons les acteurs de terrain déterminer les besoins, concevoir et localiser les logements. Lâchons la bride aux comités d’attribution pour épouser étroitement les situations de terrain et gérer l’urgence sociale. Une assistance technique, juridique et financière efficiente de la part de la Wallonie est naturellement bienvenue, de même qu’un véritable droit de tirage, qui porterait sur la construction et la rénovation de logements, l’achat et l'équipement des terrains et bâtiments », détaille Bénédicte POLL. 

Des incertitudes quant aux futurs paysage et acteurs du logement wallon 

Elément de contexte, la majorité régionale souhaite rassembler en un seul organisme la Société wallonne du Logement (SWL), la Société wallonne du crédit social (SWCS) et le Centre d’étude de l’Habitat durable (CEHD).

« A cet égard, nous exigeons des garanties claires quant à l’efficacité de la nouvelle structure, au maintien et au développement de la qualité des services et de l’expertise actuellement à disposition des opérateurs immobiliers locaux, en ce compris durant la phase de transition. Avant toute réforme, nous réclamons surtout une vision globale et concertée avec l’ensemble des acteurs publics du logement, dont l’UVCW, pour en asseoir les fondements », ponctuent les deux Présidents. 

Annexe : le texte intégral du Mémorandum Logement de l’UVCW avec le détail des revendications des SLSP. 

Contact : Michel L’HOOST, Conseiller Presse UVCW (0496/50 99 45 ou mlh@uvcw.be)

 


[1] La liste des 60 SLSP affiliées à l’UVCW est consultable sur : http://www.uvcw.be/communes/liste-slsp.htm

[2] Aux termes de laquelle 100 millions € investis dans la construction génèrent à court terme 87,64 millions € de valeur ajoutée ; 1.200 équivalents temps-plein ; 19,4 millions € d’investissement supplémentaire et 18,34 millions € de rentrées publiques.

 
Copyright © 2019 Union des Villes et Communes de Wallonie asbl - www.uvcw.be