Communiqué de presse

Le secteur fait le point sur l’accueil des mineurs en exil non accompagnés (MENA)

Ce mardi à Namur, la Fédération des CPAS de l'Union des Villes et Communes de Wallonie et les acteurs de terrain se sont penchés sur 3 ans de travail et de recherche en matière d'accueil des mineurs en exil non accompagnés (MENA). Un colloque et un numéro spécial de la revue "Les Politiques sociales" évoquent en ce moment le sujet.

Ces 1er et 2 décembre se tient à Louvain-la-Neuve[1] un colloque autour de l’accueil des mineurs en exil à l’école. Seront réunis à cette occasion autour d'une même table: les professionnels de l’enseignement en charge des "classes passerelles" et les professionnels de l’action sociale encadrant les enfants dans leurs lieux de vie (les Centres d’accueil de Fedasil ou de la Croix-Rouge, les Initiatives Locales d’Accueil (ILA) des CPAS).

Les ILA sont des mini-structures organisées un peu partout dans le pays par les CPAS pour assurer l’aide sociale matérielle à quelques 38% des demandeurs d’asile en Belgique. Cette politique est en crise depuis 2009, les places disponibles étant insuffisantes pour faire face aux arrivées plus nombreuses,  obligeant des demandeurs d’asile à vivre en rue ou à loger dans des … hôtels.

A l’heure où le futur Gouvernement fédéral vient de boucler une réforme de l’accueil des demandeurs d’asile, la Fédération des CPAS et la Croix-Rouge, organisateurs de la rencontre, s’intéressent à la qualité du travail mené dans les ILA et aux meilleures manières de donner une chance d’insertion à des jeunes gens dont le début de vie est pour le moins chaotique, sinon dramatique.

Ce colloque marque en effet la fin d’un travail entamé avec le soutien du Fonds Européen des Réfugiés il y a trois ans, avec les équipes pluridisciplinaires des Initiatives Locales d’Accueil (ILA) des CPAS d’Assesse et de Gembloux.

Premier constat : les traumatismes psychologiques subis par les jeunes, soit dans le pays d’origine, soit lors du voyage, soit encore par le déracinement, nécessitent un suivi psychologique spécifique relevant notamment de ce que l’on appelle l’ethnopsychiatrie. Ce travail, mené par des équipes trop peu nombreuses comme la Clinique de l’Exil à Namur ou encore par le Collectif Entre deux Mondes, relève de pratiques spécifiques, s’appuyant notamment sur des techniques éprouvées comme le récit de vie ou encore des consultations spécialisées. Elles nécessitent la présence de plusieurs intervenants en capacité d’entrer dans des univers socioculturels très différents.

Deuxième constat : le manque d’outils pédagogiques adaptés à des jeunes gens, venus de pays où l’obligation scolaire est souvent très réduite. Il faut pallier des lacunes en mathématiques, mais aussi retravailler l’alphabétisation en français, l’enfant ne maîtrisant parfois même pas les requis dans sa langue maternelle. La pédagogie elle-même se doit d’être revue à l’aune de situations où les désordres psychologiques rendent notamment les efforts de mémorisation classique très aléatoires pour des raisons que les neurosciences permettent aujourd’hui de bien expliquer.

« Beaucoup d’enfants qui nous arrivent ont placé leur fonctionnement cérébral en mode de survie » explique une éducatrice du Centre MENA les Hirondelles à Assesse. « Il faudra beaucoup de patience et un travail spécifique pour les amener à mobiliser par exemple le néocortex, siège des zones d’apprentissage. »

Troisième constat : le manque de formation spécialisée des professionnels. Qu’ils soient enseignants, assistants sociaux, éducateurs ou encore infirmiers, les besoins de formation sont énormes.

Le colloque de Louvain-la-Neuve permettra un brassage de savoirs, d’expériences et offrira aux participants un ensemble d’outils pédagogiques élaborés afin d’aider les professionnels dans leur mission. Ces outils sont rassemblés dans une clé USB disponible à la demande.

Les organisateurs veulent aussi faire des propositions concrètes. Sur l’organisation matérielle : ils dénoncent des classes passerelles trop peu nombreuses et par conséquent surpeuplées. Ils demandent à ce que les lieux d’apprentissage dans les centres d’accueil soient mieux agencés. Ils appellent à ce que des moyens puissent permettre un travail sur l’intelligence émotionnelle des enfants, par l’accès à la pratique artistique, à l’usage d’activités psycho corporelles pour aider au traitement des traumatismes. Ils demandent également que des formations continuées spécialisées puissent encore et toujours être possibles.

En parallèle à ce travail, Bernard DUTRIEUX et Valérie DESOMER, de la Fédération des CPAS, viennent de coordonner le dernier numéro de la Revue Les Politiques Sociales.

Cette publication, à paraître en  décembre, intitulée « Mineur en exil, exils d’enfance », donne la parole à des chercheurs universitaires et des travailleurs de terrain de plusieurs pays et fait le point sur les questions pédagogiques évoquées ici plus haut. Elle permet aussi d’examiner comment l’accueil des MENA est envisagé chez certains de nos voisins.

Ce n’est pas toujours à leur honneur.

Contacts: Bernard DUTRIEUX et Valérie DESOMER, Fédération des CPAS de l'Union des Villes et Communes de Wallonie (081/240 656 ou bernard.dutrieux@uvcw.be)

 


[1] Auditoires Sud, Place Croix du Sud, les 1er et 2 décembre de 9h à 16H30. Inscriptions au 081/240 656

 
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