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Mis en ligne le 30 Septembre 2005

La coopération intercommunale a déjà une longue histoire. Elle est, dans les faits, bien antérieure à la révision constitutionnelle de 1921, qui a donné naissance à la législation autorisant les communes à "s'associer pour gérer et exploiter, en commun, tous services d'intérêt communal bien déterminé", lui donnant ainsi un statut juridique. Le développement de ce type d'association a connu un tel succès, avec de multiples implications dans la vie quotidienne de chaque citoyen, qu'il est aujourd'hui pratiquement impossible de se passer des services proposés par les intercommunales.

Les intercommunales de développement économique sont certes chez nous plus jeunes, les communes n'étant investies d'une mission d'expansion économique et d'industrialisation qu'au milieu du 20ème siècle. Les lois d'expansion économique ont en effet autorisé à cette époque l'Etat, les provinces et les communes à constituer des sociétés d'équipement économique régional.

Au lendemain de la seconde guerre mondiale, il fallait en effet reconstruire le tissu économique, créer pour ce faire des zones susceptibles d'accueillir les investisseurs. Naquirent ainsi les premiers "zonings industriels", qui furent bien souvent la mission de départ des intercommunales économiques. Elles n'ont cessé depuis lors de diversifier leurs activités devenues de plus en plus spécialisées, évoluant au gré des besoins de la société moderne.

Ce bref retour historique est nécessaire pour bien comprendre les grands enjeux actuels placés sous le signe de mutations profondes, porteuses certes de progrès et d'ouvertures nouvelles, mais également génératrices de certaines menaces.

S'adapter à ces changements radicaux est essentiel. Mieux, les anticiper permet, en fonction de la pratique de terrain des intercommunales, d'apporter les réponses les plus appropriées et de créer les conditions propices à un environnement porteur et générateur de valeur ajoutée durable. La dernière décennie a fondamentalement modifié le cadre de référence économique et institutionnel: pensons à la mondialisation de l'économie, pensons à l'émergence d'un espace européen géographiquement élargi où les régions pour subsister s'affirment et se construisent une identité cohérente basée sur leurs spécificités; pensons également aux communes, entités les plus proches des citoyens et confrontées elles aussi à des missions de plus en plus nombreuses.

Cette mondialisation, à l'heure des technologies de l'information, est accompagnée de nouvelles méthodes de travail, plus complexes, basées sur la nécessité d'un accès plus rapide à l'information, basées sur la constitution de réseaux de connaissance, basées sur le partage d'expertises, de plus en plus spécialisées, lesquelles constituent des défis constants pour l'éducation et l'enseignement confrontés aux exigences de formations de plus en plus pointues.

Dans un tel contexte, comment avons-nous réagi? Notre structure intercommunale est-elle capable d'apporter une réponse pertinente à cette époque de profonde mutation? Nos actions sur le terrain sont-elles appropriées?

Cette nécessaire application, le BEP l'a mise en œuvre en agissant simultanément sur trois composantes:

  • la composante opérationnelle (par la définition d'un nouveau cadre stratégique et des actions y associées);
  • la composante organisationnelle (par la mise en place d'un processus d'amélioration continue des équipes);
  • la composante structurelle (par la révision de nos structures de décision pour une meilleure efficacité et lisibilité).

Appréhendons dans un premier temps la composante opérationnelle: le cadre stratégique dans lequel nous nous inscrivons est le suivant:

  • soutien explicite à la politique régionale: rien ne sert de concevoir des programmes d'actions de manière isolée et indépendante. Il est au contraire préférable de s'inscrire en appui et en renforcement des initiatives prises par la Région;
  • promotion de la région namuroise comme acteur de développement: le tissu wallon, tant sur le plan socio-économique que sur le plan culturel est pluriel: il importe dès lors de remédier aux carences de notre sous-région et de renforcer ses opportunités par des actions appropriées démultiplicatrices des politiques menées par la Région wallonne;
  • spécialisation des services et des actions: cette analyse ciblée des forces - faiblesses de la région namuroise induit automatiquement à se centrer sur des services et actions à valeurs ajoutées, tant il est inconcevable de vouloir tout faire;
  • coordination des actions sur notre territoire: autant il importe pour la Région wallonne de coordonner les initiatives locales, autant sur le terrain, il importe de coordonner et d'inscrire les actions d'acteurs différenciés dans des axes stratégiques communs. La structure intercommunale, de par les relations naturelles qu'elle entretient avec les communes, les organisations patronales et syndicales, les universités, … est l'outil indiqué pour jouer ce rôle.

Prenons quelques exemples au travers de nos différents métiers.

Ainsi, en matière d'entreprise, la fonction de "guichet ou bureau d'information" a en quelques années évolué vers un concept d'ensemblier de services à valeur ajoutée, comprenant des fonctions de détection et d'accompagnement de projets, de promotion de l'innovation et d'ouverture internationale, permises grâce à la coordination au sein du BEP de plusieurs outils: le Centre d'Entreprise et d'Innovation, l'Euro-Info-Centre, le Secrétariat d'Intendance à l'Exportation, ou encore le Bureau de Développement transfrontalier des Entreprises; autant d'outils pour lesquels le BEP est agréé, qui permettent la mise à disposition coordonnée aux entreprises namuroises d'expertises, de réseaux régionaux et européens, de base de données.

Prenons également à l'Infopôle et l'Agrobiopôle s'inscrivant dans la logique de pôles d'excellence prônée par la Région wallonne et résultant d'un partenariat entre le CEP et les universités locales de Namur et de Gembloux. Les spécificités namuroises (technologie de l'information et de la communication pour Namur et sciences du vivant pour Gembloux) sont ainsi valorisées auprès des entreprises.


Il est impossible de se passer des services proposés par les intercommunales.

Prenons enfin comme exemple le PRIN (Programme des relations internationales namurois). Sur base d'un déficit namurois sur le plan des exportations, il vise à proposer conjointement avec l'AWEX, des actions de sensibilisation et de renforcement international de nos entreprises et ce dans le cadre d'un groupe de travail placé sous l'égide du gouverneur, et réunissant tous les acteurs économiques intéressés par la problématique.

De même, dans un autre domaine, le tourisme, l'atomisation du secteur, les produits souvent vieillissants, l'analyse de la clientèle touristique (orientée vers le relax détente et la visite découverte) a conduit à la réalisation d'un schéma directeur définissant les priorités, identifiant les produits à requalifier et donnant lieu à l'émergence de concepts nouveaux (les fermes gourmandes par exemple), à la spécialisation (gîtes à thèmes) et à la professionnalisation des acteurs.

Là aussi il a fallu mettre en place un accompagnement de proximité, créer une dynamique au sein des opérateurs, soutenir les projets à valeur didactique, assurer la mise en place d'opérations fédératrices (par exemple, les circuits spécifiques VTT, châteaux, découvertes ou autres), en profitant au mieux des nouvelles structures mises en place par la Région wallonne que sont les Maisons du Tourisme. En d'autres termes, donner des lignes directrices, ouvrir des perspectives sur le moyen et le long terme, tout en veillant à favoriser l'esprit d'initiative et la créativité au départ des ressources existantes nombreuses liées au patrimoine naturel, architectural et artistique qui font l'attrait de notre région.

Outre les préoccupations liées au développement économique et à l'emploi, au tourisme et à l'offre de loisirs au bénéfice du citoyen, le service de proximité, c'est également rencontrer le quotidien dans sa dimension domestique et environnementale, et notamment dans la difficile problématique des déchets, métier dans lequel les structures intercommunales ont développé un savoir-faire aujourd'hui reconnu et apprécié.

Là aussi, et peut-être même davantage que dans d'autres secteurs, on peut parler d'une réelle mutation dans l'exercice de la profession: trop schématiquement peut-être, on peut dire qu'en quelques décennies, on est passé d'une fonction de simple "collecteur - enfouisseur" à une mission ultra-complexe englobant à la fois l'éducation, la sensibilisation, la prévention, le tri-recyclage, le traitement, la valorisation, dans un contexte totalement neuf, s'inscrivant dans le cadre  des orientations du Gouvernement au travers du Plan wallon des déchets et impliquant des partenariats et des collaborations tant entre opérateurs publics qu'avec le monde industriel régional et multinational;

Il n'est pas nécessaire de développer ici les multiples actions sur le terrain, qui dépassent largement les aspects les plus connus du grand public tels que les collectes journalières, la gestion des parcs à conteneurs, pour concerner aujourd'hui la gestion d'unités de valorisations de produits énergétiques (gaz, vapeur, électricité, …) ou autres (composts, …) pour se rendre compte à quel point nous nous situons au cœur d'une des problématiques les plus ardues de notre société de consommation, et dans laquelle les valeurs d'éducation, de respect d'autrui et de son environnement sont essentielles, à tous niveaux (entreprise, individu) et à tout âge (dès l'école maternelle, au travail, au lieu de résidence ou de loisirs).


Il ne s'agit plus de rendre un service purement technique mais de mener une mission transversale.

Les plus proches du citoyen, les communes et leurs structures intercommunales, sont en première ligne; elles doivent non seulement garantir techniquement un déroulement optimal des opérations telles qu'évoquées ci avant, mais assurer avec les partenariats nécessaires les solutions à long terme indispensables. Leur expérience concrète de terrain qui tient compte des particularités de leur territoire, rural ou urbain, est indispensable pour assurer de façon harmonieuse le service rendu en constante évolution.

Il ne s'agit donc plus de rendre un service purement technique, mais bien de mener une mission transversale avec ses composantes sociétales et culturelles d'éducation et de sensibilisation, et pour laquelle l'expertise journalière de proximité est un prérequis.

Enfin, et pour conclure, rappelons que par l'objet même de nos activités, mais aussi en raison de nos multiples et fréquentes relations avec toutes les communes, nous intégrons la dimension territoriale dans notre démarche stratégique et ceci, à la fois pour nos propres missions (gestion et développement des zones d'activités économiques, rénovation de sites désaffectés, implantation de nos infrastructures, …) mais également pour aider les communes dans la gestion de leur territoire, la répartition des fonctions sur celui-ci et la préparation de toutes les procédures correspondantes sur le plan de l'aménagement du territoire.

Notre fonction "transversale" nous permet d'aborder certaines de ces problématiques dans leur globalité stratégique pour l'ensemble de la province, en menant avec les autorités locales les réflexions nécessaires sur, par exemple, la planification de nouvelles zones d'activités, la défense d'intérêts majeurs liés aux infrastructures, en préparant avec elles les dossiers nécessaires en relation avec les autorités compétentes à tous les niveaux.

Appréhendons plus rapidement la composante organisationnelle.

Pour assurer ces différentes actions, il paraît évident que la structure intercommunale doit disposer d'équipes pluridisciplinaires, compétentes et motivées.

L'utilisation de concepts managériaux s'inspirant de ceux issus du modèle privé, mais adaptés à la philosophie d'intérêt général défendue par les intercommunales, conduit progressivement à la construction d'un management public adapté à la culture de services défendue par les intercommunales.

Enfin, la restructuration que nous venons d'organiser lors de nos assemblées générales de décembre dernier, en transformant nos quatre intercommunales géographiques couvrant l'ensemble du territoire provincial en deux intercommunales sectorielles, l'une dédicacée à l'expansion économique, l'autre à l'environnement, sous l'égide du BEP, nous donne ainsi des outils plus efficaces pour continuer à assurer le développement futur de nos métiers, préparer leurs évolutions au service des communes et de leurs citoyens au sein de notre Région et de l'Europe. Elle s'inscrit aussi dans les orientations prises en la matière par le Gouvernement wallon.

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Date de mise en ligne
30 Septembre 2005

Auteur
Renaud Degueldre

Type de contenu

Matière(s)

Inter(supra)communalité
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