Étude - Les maisons de repos doivent-elles disparaître ? La désinstitutionnalisation des aînés est-elle souhaitable ?
La perception des maisons de repos est ambivalente. Fréquemment, l’image qui en est projetée est négative. Nombre de familles tentent pourtant de trouver une place pour un parent dans une de ces résidences. À leur corps défendant et meurtri, ces maisons ont été sous les feux de la rampe avec la crise du COVID. Le terme de mouroir a ressurgi. Doivent-elles disparaître ? Les Fédérations des CPAS bruxellois (Brulocalis) et wallons (UVCW) proposent une réflexion éclectique.
La désinstitutionnalisation est déjà à l’œuvre. Les aînés rentrent plus tard en maison de repos et les personnes réputées autonomes y sont toujours moins nombreuses. En pratique, la majorité des résidants sont des octogénaires. Ils ne représentent toutefois qu’une petite partie de l’ensemble de ceux vivant en Wallonie : moins d’un sur cinq.
Une désinstitutionnalisation de l’intérieur peut être visée. Un facteur décisif est la culture de travail. La place du résidant doit être la plus centrale possible. À son endroit, il faut un esprit de respect et de bienveillance. Autant que faire se peut, il convient de favoriser sa liberté de choix et l’impliquer dans les décisions du quotidien. Au sein d’une grande maison de repos, il est possible d’avoir différents lieux de vie, un peu comme une ville peut héberger plusieurs quartiers. C’est une façon de concilier les avantages économiques de la taille, tout en gardant une plus grande proximité et humanité.
La majorité des aînés vit à domicile et souhaite y finir ses jours. Par humanité et esprit démocratique, cette attente est à respecter au mieux. L’accompagnement à domicile doit progresser et l’autorité publique doit continuer à libérer des moyens en ce sens. Toutefois, la vie à domicile de tous à tout âge n’est pas soutenable. Elle se heurte à trois grandes limites : la disponibilité de l’aidant informel, le coût tant pour l’aîné que la collectivité, le nombre croissant de personnes désorientées ou atteintes d’une affection type Alzheimer.
Le développement des alternatives de soins va tempérer le besoin en maison de repos mais leur nombre reste à ce jour modeste et leur prix n’est pas accessible à tous. De plus, l’accueil de certains aînés dans une de ces alternatives n’est pas envisageable vu leur état de santé.
Un scénario optimiste serait que deux tiers des nouveaux lits découlant du seul facteur démographique ne soient pas nécessaires. Avec un tel scénario, le besoin de places serait de 2 594 à horizon de 5 ans, 4 519 à 10 ans, 11 502 à 20 ans en Wallonie. Même avec des hypothèses volontaristes, le facteur démographique requerra l’ouverture d’un nombre conséquent de lits.
Il y a des marges de progression dans les maisons de repos notamment dans la formation des soignants, la culture de travail, la présence de personnel de réactivation et l’ancrage dans le quartier.
Il ne faut point opposer l'accompagnement à domicile avec les maisons de repos et leurs alternatives, mais plutôt travailler sur ces trois leviers en même temps, en respectant autant que faire se peut la liberté et le choix des aînés.
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