Plans de délestage en cas de pénurie d’énergie: l’UVCW plaide pour la sauvegarde des services de base et pour la concertation et l’information des pouvoirs locaux

L’Union des Villes et Communes de Wallonie vient d’interpeller les gouvernements fédéral et wallon, ainsi que les GRD wallons, Elia et Fluxys, concernant les plans de délestage en cours d’élaboration ou de modification face au risque de pénurie d’énergie. En effet, au regard de la situation exceptionnelle des marchés de l’énergie, des conséquences de l’invasion russe en Ukraine et des risques de pénuries d’énergie qui pourraient se produire durant la saison hivernale, des plans de délestage doivent être créés ou revus pour les différentes hypothèses qui pourraient survenir (pénurie de gaz, déséquilibre du réseau créé par une pénurie d’électricité, effondrement de la fréquence électrique, etc.).

Dans ce cadre, et même si l’UVCW est associée à certains travaux, elle souhaite rappeler les éléments essentiels pour les communes, pouvoir de proximité de première ligne, qui seront amenées à gérer les conséquences des différents plans dont question, mais également première autorité publique en charge de la sécurité publique. Ces remarques apparaissent primordiales pour assurer la sécurité des citoyens et la continuité d’un certain nombre de services publics essentiels au bon fonctionnement du pays. Ces remarques devraient systématiquement présider à l’élaboration, la modification ou la mise à jour des plans de délestage qui seront en vigueur cet hiver et à l’avenir.

Ainsi, et de manière principielle, il semble que les services publics, pris au sens large, doivent être considérés comme protégés, dans l’ensemble des plans mis en place. En effet, les services de police et d’incendie, les services hospitaliers, en ce compris les maisons de repos et les maisons de repos et de soins, doivent ainsi être écartés de tout délestage, et leur délestage ne doit être envisagé qu’en dernier recours.

De même, certaines infrastructures doivent être considérées comme essentielles et ne peuvent faire l’objet de coupure, même pour un laps de temps court ; il en va ainsi des infrastructures de démergement, d’adduction et d’évacuation des eaux, les infrastructures gérant des radioéléments, ainsi que les systèmes de communication. L’UVCW plaide à cet égard pour que tout plan de délestage mis en place, modifié ou mis à jour, fasse l’objet d’une identification claire de ces infrastructures et services et qu’un niveau approprié de protection leur soit accordé.

De même, toujours de manière principielle, l’UVCW plaide pour que les zones les plus densément bâties soient, systématiquement, reléguées dans les phases les plus tardives des opérations de délestage, de manière à ce que leur délestage ne puisse être réalisé qu’à défaut d’autres options, dans des situations critiques. En effet, le maintien de l’ordre public apparait, dans des phases de crise potentielle forte, être une priorité absolue et nous conviendrons aisément que ce sont dans les zones densément bâties que cette question est la plus prégnante. L’UVCW préfère, à cet égard, toujours sur le plan du principe, que les entreprises puissent jouer, de par leur grande flexibilité, un rôle de tampon en première intention, dans les perspectives qui nous occupent.

Par ailleurs, eu égard au fait que les villes et communes seront en première ligne en cas de délestage, qu’il soit programmé ou non, et quel que soit le type d’énergie considéré, l’UVCW plaide pour la mise en place d’une concertation étroite entre les autorités locales et les gestionnaires de réseaux, qui seront au fait des moments de rupture d’approvisionnement et de la durée potentielle de celle-ci. Cette concertation étroite doit permettre, en amont, d’aider les gestionnaires à identifier les services et infrastructures critiques, et durant la phase de crise, à éclairer les pouvoirs locaux sur la situation, sa durée et les paramètres permettant le retour à la situation normale.

Enfin, cette concertation apparait d’autant plus essentielle que le pouvoir fédéral et les citoyens comptent sur les pouvoirs locaux afin de mettre sur pied un centre de crise fonctionnel disposant d’une salle de réunion chauffée équipée d’électricité via un générateur de secours auquel est branché le matériel de télécommunication nécessaire, lieu dans lequel les données nécessaires sont disponibles (sous format digital ou papier) et le personnel peut être présent ; de mettre en place un centre d’accueil chauffé et éclairé pour les citoyens, où ceux-ci peuvent obtenir des informations sur la situation d’urgence et y joindre les services de secours ; en certaines circonstances, selon la durée de l’interruption de fourniture, de mettre à disposition un centre médical restreint et enfin notamment, d’assurer l’accueil des enfants en cas de fermeture anticipée des écoles dans l’attente du retour des parents.

Ces attentes légitimes, si elles peuvent être anticipées dans le cadre d’un délestage planifié, sont d’autant plus difficile à mettre en œuvre, voire impossible, en cas de délestage automatique ou non programmé ou de black-out. Une concertation en amont et la mise en place de canaux d’informations spécifiques et rapides semblent renforcés par ces attentes.

L’UVCW a rappelé, à cet égard, qu’elle exige que le Gouvernement fédéral prenne en charge les coûts liés à ces mesures, ainsi qu’aux missions de surveillance accrue de la police dans les quartiers et communes touchés, puisqu’ils sont engendrés par la politique fédérale en matière d’énergie nécessaire à l’équilibrage du réseau électrique européen.

De plus, l’UVCW exige qu’une structure de coordination regroupant Elia, le Centre de crise nationale et les pouvoirs locaux soit mise en place pour coordonner les réponses locales et soutenir les éléments de communication à mettre en place au niveau fédéral, et à relayer au niveau local.

L’UVCW a insisté, enfin, si besoin en était, pour que des mesures anticipatives soient prises en vue d’éviter au maximum de recourir aux mesures de délestage, en ce compris automatique. Les pouvoirs locaux, mais aussi les citoyens doivent pouvoir se prémunir des effets de telles situations.