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Mis en ligne le 17 Mai 2011

Sur base d’un partenariat de développement local rassemblant secteur public, secteur privé et monde associatif, les agents de développement local ont pour mission première d’impulser et de soutenir le développement de projets porteurs en termes de création d’activités économiques et/ou d’emplois durables. Pour ce faire, ils identifient préalablement la nature des besoins et des potentialités propres à leur territoire. A ce titre, dans de nombreuses communes où sont présentes la cinquantaine d’agences de développement local (ADL) agréées par la Région wallonne, les agriculteurs sont sans conteste des acteurs importants. Détenteurs d’un potentiel de développement évident, plusieurs d’entre eux ont déjà franchi le pas de la diversification agricole ou comptent le faire prochainement. Ces nouvelles activités leur permettent tout à la fois de diversifier leurs sources de rentrées financières mais aussi de répondre aux nouvelles demandes des consommateurs en termes d’alimentation ou de tourisme vert.    

Afin de déterminer les actions sur lesquelles elles vont concentrer leur énergie, les ADL établissent préalablement, en partenariat avec les forces vives locales, un diagnostic du territoire ainsi qu’une étude AFOM (Atouts, Faiblesses, Opportunités, Menaces) qui en découle. Diagnostic et étude AFOM leur permettent d’avoir une connaissance pointue de leur territoire d’action mais aussi de déterminer les priorités sur lesquelles elles seront amenées à travailler au cours des prochaines années. Des actions concrètes seront ainsi mises en œuvre afin de faire fructifier les potentialités et les atouts de leur territoire tout en répondant aux besoins locaux. 

Existant pendant près de dix ans sous forme d’expériences-pilotes, les premiers agréments ont été accordés aux ADL en janvier 2008, et ce pour une durée de trois ans.  La plupart d’entre elles ont donc récemment été amenées à présenter, dans le cadre de leur demande de renouvellement d’agrément, leurs priorités ainsi que leurs objectifs à court, moyen et long termes. Elles ont également détaillé les actions qu’elles souhaitaient mener dans les trois années à venir.

A la lecture de ces plans d’actions, on s’aperçoit rapidement qu’outre les entreprises et les commerces qui restent des acteurs privilégiés avec lesquels les ADL collaborent étroitement, la plupart des ADL réservent également une place de choix au soutien des agriculteurs de leur localité.

Promotion des produits locaux, mise en place d’un marché des produits du terroir, projets favorisant les circuits courts, soutien aux agriculteurs à travers l’organisation de soirées d’information sur la diversification des cultures ou la création d’infrastructures touristiques, mise en réseau des agriculteurs et constitution de groupes de travail, etc. Les actions prévues par les ADL à destination des producteurs agricoles sont prometteuses et variées. On remarquera d’ailleurs que les projets relatifs aux produits locaux sont particulièrement nombreux. 

Afin de travailler de manière optimale et de pouvoir faire appel aux partenaires adéquats au moment le plus opportun, il est essentiel que les agents de développement local puissent bien cerner les enjeux et les contraintes liés à la diversification agricole, qu’il s’agisse de produits du terroir ou d’hébergement. Dans cette optique, afin de leur permettre d’approfondir leurs connaissances et d’échanger des bonnes pratiques sur cette problématique, l’Union des Villes et Communes de Wallonie, chargée de l’animation du réseau ADL, a choisi de consacrer sa récente journée de formation à destination des agents ADL au thème de l’agriculture. 

La matinée de la journée de formation s’est axée autour d’exposés présentant les diverses pistes de diversification agricole, les aides financières envisageables dans ce domaine, les attentes des consommateurs à l’égard des produits locaux et s’est clôturée par un témoignage d’un exploitant agricole qui s’est lancé dans la production de glaces artisanales.  L’après-midi s’est voulue plus pratique. Organisée sous forme d’ateliers afin de favoriser les échanges, elle s’est concentrée autour de trois thèmes: la promotion et la vente directe de produits locaux, le développement d’activités touristiques à la ferme et la diversification des cultures à travers les cultures maraîchères. Chaque atelier fut animé par un duo d’experts et d’agriculteurs. 

Vous trouverez ci-dessous les principaux enseignements à retenir de cette journée.

La diversification agricole, sous quelles formes?

Plusieurs possibilités de diversification s’offrent aux agriculteurs: mise à disposition de gîtes, camping à la ferme, ferme pédagogique, transformation et vente de produits du terroir, maraîchage, etc. Dans le domaine de la diversification agricole, l’asbl Accueil champêtre Wallonie constitue sans aucun doute un référent incontournable. Cette association issue de la Fédération wallonne de l’Agriculture (FWA) bénéficie de tous les services et conseils de la FWA pour encadrer personnellement les agriculteurs désireux de se diversifier par l’accueil à la ferme. Deux de ses collaborateurs, Anne Verbois et Romano Cavaliere, ont présenté lors de cette journée les multiples activités qui sont envisageables sous cet angle et qu’Accueil champêtre décline selon quatre axes: les hébergements, les fermes pédagogiques, les loisirs et les saveurs (produits du terroir). Quant à Isabelle Jaumotte, Conseillère au Service d’étude de la FWA, elle a présenté, pour ces différents projets, les aides financières dont ces derniers pouvent bénéficier. En outre, Alain Delvigne, du Centre Interprofessionnel Maraîcher, a présenté au cours d’un atelier les spécificités de la culture maraîchère. Le Centre interprofessionnel maraîcher encadre les producteurs qui souhaitent se diversifier dans le secteur du maraîchage pour la commercialisation à l’état frais.

Les hébergements

Les hébergements touristiques sont soumis à la réglementation wallonne relative aux établissements d’hébergement touristique [1].

On retrouve sous l’appellation "hébergements touristiques de terroir", notamment:

  • les gîtes ruraux, qui sont aménagés dans un bâtiment typique rural du terroir (les conditions pour répondre à cette appellation sont relativement strictes);
  • les gîtes à la ferme, qui sont situés dans une exploitation agricole en activité ou à proximité immédiate de celle-ci;
  • les chambres d’hôtes (1 à 3 chambres) et les maisons d’hôtes (4 ou 5 chambres d’hôtes), qualifiées "à la ferme", si elles se situent dans une exploitation agricole en activité.

L’agriculteur a également la possibilité de s’orienter vers la mise à disposition d’un "meublé de vacances" si le gîte ne correspond pas au prescrit pour être considéré comme gîte rural, si l’accueil n’est pas assuré par le propriétaire lui-même ou s’il possède déjà cinq autres gîtes ruraux ou à la ferme. 

Moyennant le respect de certaines conditions, ces différents types de logements doivent obtenir l’autorisation du CGT pour bénéficier de ces appellations protégées. Ils sont également tenus de respecter des normes strictes en matière de sécurité-incendie.
Les hébergements peuvent bénéficier de deux types d’aides : les aides du Commissariat général au Tourisme (CGT), d’une part, et les aides à l’Investissement dans le Secteur agricole (ISA), d’autre part. Les conditions à respecter ainsi que les investissements éligibles sont différents pour les deux types d’aides. Il est possible de cumuler les deux aides mais pas pour les mêmes investissements. On retiendra que pour les aides ISA, il est indispensable d’avoir l’accord sur la demande d’aide avant de réaliser les investissements. En ce qui concerne le CGT, il offre des aides non seulement pour la création ou la modernisation d’un hébergement touristique de terroir (mais pas pour les meublés de vacances) mais aussi pour mettre les hébergements touristiques (de terroir ou non) en conformité des normes sécurité-incendie.  

Le camping à la ferme constitue une autre voie de diversification agricole en termes d’hébergement.  Pour pouvoir bénéficier de cette appellation, ce camping touristique doit être organisé par un exploitant agricole sur un terrain dépendant de son exploitation, dans le voisinage immédiat des bâtiments de ferme.  Il comprendra au maximum 15 abris mobiles et 45 personnes (porté à 20 abris et 60 personnes durant la haute saison).  Il ne peut accueillir des caravanes résidentielles et sera d’ailleurs fermé durant l’hiver.  Des normes strictes doivent être respectées en ce qui concerne l’équipement (eau potable, WC, douche).  A ce titre, les exigences en termes de système d’épuration peuvent, dans certains cas, constituer un frein à la mise sur pied du projet… Ici, seules des aides du CGT sont envisageables.

Les fermes pédagogiques

Contrairement à une ferme d’animation, la ferme pédagogique vit prioritairement de ses productions.  Elle est réservée aux classes et à leurs enseignants. Les activités éducatives sont basées sur le fonctionnement réel de l’exploitation. Le taux d’encadrement important à fournir (un adulte par 20 enfants) nécessite de plus en plus l’engagement d’animateurs, en plus de la famille agricole.

Deux formules d’accueil pédagogique peuvent être proposées: d’une part, les accueils à la (demi)-journée et, d’autre part, les classes vertes. Ce deuxième type de formule demande bien entendu plus d’investissement en termes financiers et humains et doit par conséquent répondre aux normes propres aux hébergements de grande capacité. La situation géographique de l’exploitation agricole (à proximité ou non de zones à haute concentration d’établissements scolaires) sera un des éléments à prendre pour opter vers l’une ou l’autre formule.

Les fermes pédagogiques peuvent bénéficier d’aides ISA, mais on notera que ces aides ne peuvent être accordées qu’à des agriculteurs. Si, par la suite, les activités liées à la ferme pédagogique sont regroupées au sein d’une asbl, cette dernière ne pourra pas être éligible à ce type d’aide si elle souhaite bénéficier de soutien financier pour moderniser la ferme pédagogique.

Les loisirs à la ferme

Ce type d’activité, a priori plus simple à mettre sur pied que les précédentes, est généralement une belle opportunité de "tester" son envie et ses capacités réelles de s’investir de façon durable dans l’accueil à la ferme. Il s’agit ici de proposer des goûters d’anniversaire à la ferme, organisés sous forme d’activités ludiques liées à la découverte de la ferme, ou encore des stages à la ferme pendant les vacances scolaires. Autre activité en plein développement: le golf champêtre. Venu des Pays-Bas, ce golf qui se pratique dans les prairies de la ferme, et à certains moments en compagnie des animaux de la ferme, répond, de par son originalité, à la demande de nouvelles activités de loisirs toujours plus insolites ou innovantes. 

Les produits du terroir

On parlera ici des activités liées à la vente directe, que ce soit à travers les points de vente à la ferme, les marchés, les dépôts vente ou les paniers.  Mais aussi des restaurants à la ferme, des fermes gourmandes, de la petite restauration, des tables d’hôtes (en cas de chambres d’hôtes), des goûters à la ferme, etc.

Il est tout particulièrement important de bien connaître les différentes contraintes liées à la transformation et à la commercialisation des produits locaux, car les choses ne sont pas simples. Selon les activités envisagées (organisation d’un petit déjeuner à la ferme, vente de légumes ou de produits d’origine animale), la marche à suivre et les normes à respecter diffèrent. Les points d’attention sont nombreux. De manière non exhaustive, on épinglera toutes les contraintes liées aux locaux, aux aspects sanitaires et à l’ASFCA (Agence fédérale pour la Sécurité de la Chaîne alimentaire): respect des normes d’hygiène, emballages, étiquetage, autorisation pour les lieux où sont fabriqués des denrées alimentaires, permis d’urbanisme, permis d’environnement, etc. Aux éventuelles licences, accès à la profession ou cartes d’ambulants à obtenir, se posent également les aspects fiscaux et de TVA liés à ce type d’activité.

Il existe différents types d’aides pour les activités relatives à la transformation et à la commercialisation des produits. 
Des aides ISA sont accessibles pour les agriculteurs ou les coopératives de transformation et de commercialisation des produits agricoles. Les conditions et le montant de ces aides varient toutefois selon le type de demandeur.
D’autres types d’aides existent cependant pour les ateliers partagés pourvu que ces derniers se situent en zone franche rurale. Via un atelier partagé, plusieurs agriculteurs se partagent un même outil de production. De même, les halls relais agricoles, c’est-à-dire des halls destinés à accueillir des activités de transformation et de commercialisation de produits agricoles, peuvent également bénéficier d’aides à travers un appel à projets.    

Le maraîchage

En Région wallonne, le maraîchage concerne avant tout des cultures de plein air, orientées vers une ou quelques espèces légumières.  Les prix de vente de la production, s’ils peuvent être attractifs, sont avant tout entièrement soumis aux fluctuations du marché, d’où les risques financiers importants encourus par cette activité.  On notera également qu’elle requiert beaucoup de main d’œuvre et que les contraintes commerciales sont très élevées.  Seuls les produits de premier choix et répondant à un cahier des charges très strict pourront être vendus. Un approvisionnement régulier est également exigé par les circuits de distribution classiques. 

Face à ces différentes contraintes, la mise en place de circuits courts dans le secteur maraîcher offre de multiples avantages: des prix de vente plus constants, pas de contrainte d’un approvisionnement journalier, moins d’exigence sur la qualité visuelle et le calibre des produits, pas ou peu d’intermédiaire au niveau commercial, moins d’investissements et de main d’œuvre. Le mode d’achat éthique du circuit court sera également mis en avant via un plus grand respect du travail du producteur et l’utilisation de produits de saison. Par contre, il faudra pouvoir attirer et fidéliser la clientèle (gamme de produits, disponibilité des produits, …) ou encore gérer les pics de main d’œuvre à certains moments donnés. 

La diversification: pourquoi? Pour qui?

Les motivations qui poussent les agriculteurs à vouloir se diversifier sont nombreuses. 
Pour certains, il s’agit avant tout de valoriser leur patrimoine. De nombreux bâtiments agricoles sont aujourd’hui inoccupés et la diversification, via la transformation en hébergements par exemple, permet d’offrir une seconde vie aux bâtiments.
Pour d’autres, notamment les épouses d’agriculteur, développer une ferme pédagogique leur permettra de valoriser et de mettre en pratique leur formation en pédagogie. 
Une activité tournée vers l’accueil à la ferme permet aussi aux exploitants de répondre à leur désir d’ouverture et de contacts plus fréquents avec l’extérieur. C’est également l’occasion de se réapproprier une place sociale.
Bien sûr, la recherche de revenus complémentaires est également une motivation.  Prudence cependant sur ce point car les investissements à concéder pour se diversifier, entre autres pour la rénovation de gîtes, sont généralement importants et les revenus supplémentaires rarement immédiats. La diversification n’est donc pas à portée de toutes les bourses et il n’est pas certain qu’il soit judicieux de la recommander à des agriculteurs en difficulté financière… Autre point important concernant les revenus : la diversification rend les agriculteurs moins dépendants des prix des marchés pour revendre leur production.
Enfin, la diversification permet également dans certains cas de maintenir un emploi ou de créer un emploi au sein de l’exploitation à destination de l’un ou l’autre membre de la famille.  Fidéliser la main d’œuvre est une autre finalité recherchée à travers la diversification.

Cette diversification agricole, quelle que soit sa forme, conviendra avant tout à des agriculteurs qui font preuve d’une bonne organisation et d’une grande facilité d’adaptation. Le projet doit être mûrement réfléchi, correctement planifié et ne doit pas laisser place à l’improvisation. D’où l’importance de disposer des informations correctes et de pouvoir s’appuyer sur des personnes relais compétentes. Mener un tel projet demande un réel engagement de long terme et doit par conséquent être soutenu par toute la famille. Il faut également que le projet réponde à la demande de la clientèle-cible et puisse être capable de s’adapter aux évolutions de cette demande. Enfin, il s’agit de s’ouvrir à de multiples tâches et compétences: gestion administrative et financière, accueil de la clientèle, ambassadeur de la région, communication, entretien, hygiène, etc.

Le P’tit Moressée: de la vache à la glace

Jean-François Leboutte est agriculteur à Heure, dans la Commune de Somme-Leuze. Avec son épouse, ils exploitent depuis 1992 une ferme où ils pratiquent essentiellement de l’élevage bovin. Rapidement, ils ont souhaité tirer davantage profit de leur production laitière en se diversifiant dans les produits laitiers. Souhaitant proposer de nouveaux produits au regard des fermes avoisinantes qui vendaient généralement du beurre ou du fromage, le couple a décidé de se lancer en 1994 dans la fabrication artisanale de crème glacée, que ce soit sous forme de petits pots, de boîtes ou de gâteaux. Au fil des années, la production n’a cessé d’augmenter. Il a donc fallu adapter les locaux de fabrication en conséquence au fil du temps et veiller à ce qu’ils répondent aux normes d’hygiène. Afin de pourvoir au caractère saisonnier de la demande de glace, ils ont ensuite décidé de développer la production de yaourt et de fromage. Aujourd’hui, 5 à 10 % de leur production de lait sont transformés à la ferme. Et ils ont également engagé une personne à temps partiel qui dispose d’une formation en production fromagère. 
Les produits sont vendus à des particuliers mais aussi à des traiteurs ou des restaurants. La production du P’tit Moressée est commercialisée, d’une part, à travers leur point de vente à la ferme, mais également via des dépôts dans les magasins de village, les fromageries ou à travers des livraisons à domicile. 

Sur base de son expérience, Jean-François Leboutte confirmera, lors de son exposé, que la diversification lui a permis de disposer d’un revenu qu’il maîtrise davantage. En effet, pour le reste de son activité agricole, le marché est le seul à décider du prix. En ce qui concerne la vente de ses glaces, yaourts ou fromages, c’est le couple qui fixe le prix de vente, sur base de ses coûts de production mais aussi des prix pratiqués par les concurrents fabriquant des produits artisanaux. Cette activité de vente à la ferme lui a également permis de recréer des contacts humains et d’offrir une certaine convivialité. Les revers de la médaille se situent principalement du côté de l’investissement en temps et de la charge administrative que cette activité engendre. Il tient certes à livrer personnellement tous ses clients mais cela lui permet avant tout de créer des liens directs avec ces derniers. Il conseille à toute personne intéressée par une telle démarche de bien se faire encadrer, principalement sur le plan de la législation et de la fiscalité. 

Jean-François Leboutte a par ailleurs eu l’occasion de participer à plusieurs projets de commercialisation en commun de produits du terroir. Les tentatives de projets auxquels il a participé ont malheureusement toutes échoué, et ce principalement à cause de la question de la marge à laisser à la coopérative qui se chargera de la vente. La gestion du stock et des délais sont d’autres obstacles à surmonter. Par contre, au fil des années, Jean-François Leboutte a pu constater un changement dans les mentalités des consommateurs et un intérêt grandissant de ces derniers pour les produits artisanaux.

Enfin, il terminera son témoignage par un regret… Il n’est jamais parvenu à vendre ses produits dans les collectivités ou dans les écoles car bien trop souvent, le prix est le principal critère pris en compte. Or, les changements de mentalité commencent dès le plus jeune âge… Un appel du pied et une piste à creuser pour les agences de développement local?

Quel avenir pour les produits locaux?

En tant que secrétaire général du réseau Eco-conso, une association qui a pour objectif d’encourager des comportements de consommation plus respectueux de l’environnement et de la santé, Jean-François Rixen est bien placé pour avoir des informations de première main sur les attentes des consommateurs en termes de consommation de produits locaux. Face à la crise économique et sociale que nous connaissons mais aussi compte tenu des enjeux environnementaux et énergétiques auxquels nous devons faire face, il estime qu’à l’avenir, les productions locales auront de plus en plus la cote. Les pouvoirs publics, en s’orientant progressivement vers des marchés publics "durables", pourraient également non seulement avoir valeur d’exemple mais, de par le poids non négligeable qu’ils représentent en tant que consommateurs, avoir un réel potentiel d’influence sur l’offre de produits qui sera faite dans les années à venir. Quant aux consommateurs, ils sont à la recherche d’une alimentation qui concilie à la fois prix, santé, facilité et respect de l’environnement. Il faut donc pouvoir mettre en place des initiatives qui répondent à cette demande. Jean-François Rixen citera l’exemple d’Hartenboer, dans le Limbourg. A travers son site internet, cette structure permet aux consommateurs de commander en ligne directe, via un bon de commande unique, des produits locaux et/ou bio et/ou équitables. Hartenboer se charge de consolider les commandes auprès des différents producteurs et les livraisons. Celles-ci se font à travers des points de dépôts tels que les écoles, les épiceries, etc. En termes de chiffres, cela représentait l’an dernier 20 producteurs, 400 commandes par semaine et 25 points de dépôt. Depuis, le projet s’est étendu au Brabant flamand.

 

Focus sur les actions des ADL

 

L’ADL de Héron valorise ses producteurs locaux – Une collaboration avec les ADL de Braives et de Wanze a été mise sur pied

L’ADL de Héron travaille activement sur la commercialisation des produits locaux et a récemment réalisé plusieurs actions concrètes sur ce thème.

Depuis deux ans, l’ADL travaille de concert avec les producteurs locaux afin d’améliorer leur visibilité et de valoriser leurs produits.  Sous l’impulsion de l’ADL et de ses deux agents, Isabelle Ebroin et Christelle Vignisse, un groupe de travail rassemblant une dizaine de producteurs locaux a été créé afin de réfléchir à un mode de distribution commun. Suite à ces réflexions, en mars 2010, un premier pas a été franchi en trouvant un accord avec le Louis Delhaize de Couthuin qui leur offrait ainsi un point de vente commun pour la commercialisation de leurs produits.  

En décembre dernier, à l’occasion des fêtes de fin d’année, l’ADL a proposé un panier gourmand reprenant du vin blanc, du jus de pomme, de la choucroute, de la farine, du poulet bio, des pommes de terre, etc. produits par les producteurs et artisans locaux. Afin de promouvoir cette initiative, l’ADL a édité un folder distribué en toutes-boîtes. Ce dépliant présentait le panier mais aussi chacun des neuf producteurs locaux avec, en plus, deux recettes du cru qui utilisent les produits repris dans le panier gourmand. Cette initiative a également bénéficié de bons relais médiatiques qui ont contribué à renforcer les effets positifs de l’opération. Les participants à cette opération sont globalement satisfaits des résultats de cette dernière et envisagent déjà de renouveler l’opération pour Pâques. La commercialisation régulière de leurs produits via l’épicerie locale devrait également être renforcée au cours des prochains mois. 

A la suite de cette expérience et au vu des autres expériences similaires qui existaient dans les trois autres communes du Parc naturel de la Burdinale et de la Mehaigne (Wanze, Braives et Burdinne), l’ADL de Héron a proposé à ces dernières de s’associer à son projet.  Travailler ensemble devrait leur permettre de diversifier le panel des produits proposés, de multiplier les points de dépôt mais aussi de mettre en place une communication commune.  Dans ce projet, outre la Maison du Tourisme Burdinale-Mehaigne et le Parc naturel de la Burdinale et de la Mehaigne, on retrouve deux autres ADL qui ont ainsi décidé de s’investir dans la valorisation des produits du terroir: l’ADL de Braives et l’ADL de Wanze.

Dans un premier temps, il a été convenu de créer un réseau entre les producteurs et les points de dépôt déjà présents sur le territoire et de valoriser les produits dans les restaurants présents sur leur territoire par des menus du terroir et lors d’événements. Une affiche présentant les producteurs locaux des quatre entités a été réalisée. La prochaine étape consiste maintenant à mettre en contact les producteurs et les restaurateurs  pour mettre sur pied les menus du terroir. Les premiers contacts qui ont été pris avec les restaurateurs à cette fin ont pu mettre en lumière leur intérêt pour cette démarche, quant aux clients, ils auront l’occasion d’en savoir plus sur les producteurs en question par le biais de fiches de présentation qui seraient mises à leur disposition dans les restaurants.  
A moyen terme, la création d’un "comptoir", d’une centrale d’achat, pourrait être envisagée et subsidiée dans le cadre d’un projet d’économie sociale.

Un volet promotionnel est également envisagé. L’idée est de rassembler les produits locaux qui adhéreront au réseau sous un label commun intitulé "Produits du Pays Burdinale-Mehaigne". Ce label serait matérialisé par la création d’un logo inspiré de celui du Parc naturel afin d’assurer une homogénéité et de bénéficier de la notoriété du Parc. Par ailleurs, les trois ADL ne manquent pas d’idées pour mettre sur pied diverses actions de communication: journées de dégustation sur les points de vente, stand lors de manifestations, étiquettes d’identification dans les rayons, fiches de présentation des producteurs, référencements sur les sites internet, projets pédagogiques dans les écoles, etc. Des idées qui sont encore dans les cartons pour l’instant, mais qui devraient se concrétiser prochainement. Affaire à suivre…

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  1. [Remonter] Décr. 18.12.2003 rel. aux établissements d'hébergements touristiques et son arrêté d’exécution du 9.12.2004 rel. au même décret.

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Date de mise en ligne
17 Mai 2011

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Matière(s)

Développement local
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