Ce document, imprimé le 26-04-2024, provient du site de l'Union des Villes et Communes de Wallonie (www.uvcw.be).
Les textes, illustrations, données, bases de données, logiciels, noms, appellations commerciales et noms de domaines, marques et logos sont protégés par des droits de propriété intellectuelles.
Plus d'informations à l'adresse www.uvcw.be/info/politique-confidentialite
Mis en ligne le 5 Février 2009

Quel gestionnaire de bâtiment ne s’est pas demandé, en cette période de hausse du coût de l’énergie, comment réduire ses consommations de chauffage et d’électricité? Gérer l’énergie est une nécessité, tant au niveau économique qu’éthique.

L’énergie est chère, et elle le sera encore plus demain. L’énergie est rare et la demande augmente: la recherche de nouveaux gisements de sources conventionnelles (pétrole, gaz, charbon) accroîtra les pressions sur l’environnement et les tensions géopolitiques pour leur contrôle. Notre Région ne possède ni pétrole, ni gaz, ni uranium et quasi plus de charbon: actuellement, son approvisionnement en énergie dépend presqu’exclusivement d’importations. Maîtriser les consommations d’énergie limite l’impact de la hausse du coût des énergies et va souvent de paire avec une amélioration du confort des occupants.

Dans le bilan énergétique d’un bâtiment sur sa durée de vie, la phase d’utilisation pèse lourd (pour 70 à 80 %) en regard de l’énergie nécessaire à sa construction, à sa rénovation et à sa démolition. Utiliser rationnellement l’énergie est payant, tant pour l’environnement que pour les finances communales.

Les consommations d’énergie dans le bâtiment

En ne tenant pas compte des transports générés, le chauffage des bâtiments constitue 53 % des consommations énergétiques du secteur tertiaire wallon, l’éclairage:19 %, la production d’eau chaude sanitaire:7 % et la ventilation:7 %.

image 
Source : MRW, Mémento énergie – Secteur Tertiaire, Mai 2006

C’est donc sur ces postes qu’il convient d’agir en priorité. L’attention portera également sur les consommations électriques, spécialement les veilles des équipements.

Réduire les consommations d’énergie: des étapes-clés, un suivi permanent

La conception et la rénovation des bâtiments constituent des étapes-clés en matière de maîtrise énergétique: c’est à ce stade que sont définies la configuration des espaces, les qualités thermiques de l’enveloppe, les caractéristiques des installations techniques et que s’opère le choix des équipements. Réduire les besoins de chauffage, donc isoler, ainsi que limiter toutes  les consommations d’énergie, devrait être un maître-mot lors de ces phases particulières de la vie du bâtiment. Pour ce faire, des clauses énergétiques seront insérées dans les cahiers des charges, lors d’appel à projets d’architecture comme dans les cahiers spéciaux des charges des travaux.
Ces clauses peuvent être "performancielles", c’est-à-dire définir les performances à atteindre par la construction dans une série de domaines relatifs à la maîtrise énergétique. Dans ce cas, l’architecte et/ou l’entrepreneur est/sont libre(s) de choisir les matériaux et techniques qui lui/leur permettront d’atteindre le résultat qualitatif imposé.

Une fois le bâtiment mis en service et occupé, le suivi des consommations est primordial: il permet de repérer une surconsommation et d’essayer de la comprendre, d’identifier une dérive et d’y remédier en corrigeant les anomalies de fonctionnement des installations, de juger du potentiel d’économies d’énergie d’un bâtiment en comparant ses consommations à celles de bâtiments semblables, d’évaluer l’effet d’améliorations énergétiques apportées au bâtiment et à ses installations. Ces actions de suivi sont réalisables aisément en encodant les données de consommation, si possible mensuelles, dans un outil appelé "comptabilité énergétique". Il peut s’agir d’un logiciel spécifique ou d’une simple feuille de calcul dans un tableur. L’organisation d’une collecte régulière des données énergétiques constitue un point crucial pour le suivi des consommations.

Durant la phase d’occupation du bâtiment, l’entretien régulier et la maintenance des équipements et installations doivent garantir leur bon fonctionnement et le maintien de leurs performances.

Utiliser rationnellement l’énergie dans le bâtiment

L’URE n’implique pas forcément des investissements coûteux. Très souvent, l’exploitation des installations en place n’est pas optimale et il est possible de faire des économies substantielles en y remédiant.

Quelques exemples d’économies réalisables
Concernant le chauffage:
- Les défauts de régulation:
. la température de consigne est trop élevée: 1° de trop dans un bâtiment conçu pour fonctionner à 20°C entraîne une surconsommation d’au moins 7 %;
. aucune intermittence n’est mise en place: l’absence de coupure du chauffage la nuit et le week-end provoque une surconsommation allant de 15 à 30 %. Par exemple, dans le cas d’un établissement scolaire ouvert de 8h à 18h, le temps d’inoccupation durant la saison de chauffe avoisine les 70 %;
. la totalité d’un bâtiment est chauffée le soir ou le week-end car des activités se déroulent dans quelques locaux dispersés aux quatre coins du bâtiment; les activités pourraient avantageusement être regroupées au sein d’une même zone chauffée;
. il y a une demande de chaud et de froid simultanément dans un même local: le chauffage et la climatisation fonctionnent en même temps!;
- l’isolation des tuyauteries et de la chaudière:
. un mètre de tuyau de chauffage non isolé de 1 pouce de diamètre parcouru par de l’eau à 70°C occasionne une perte d’énergie équivalente à la consommation d’une ampoule de 60 W. Combien de guirlandes parcourent vos caves, vides ventilés, greniers, locaux climatisés et chaufferie? En les isolant, vous réduisez les pertes de 90 %;
- le réglage de l’installation
. un meilleur réglage des brûleurs est souvent possible .

Concernant l’éclairage:
- Les lampes à incandescence ou halogènes standards sont à éviter: à peine 10 à 15 % de l’énergie qu’elles consomment servent à éclairer. Elles peuvent facilement être remplacées par des ampoules fluo-compactes dont le rendement lumineux est 5 à 6 fois supérieur et la durée de vie 12 fois plus longue; elles sont rentabilisées en moins d’un an!
- Le luminaire est également très important: les tubes nus sans réflecteurs ou les vasques opalines, souvent jaunies, occasionnent des pertes de lumière très importantes et de l’inconfort pour les occupants. Ceux-ci sont alors tentés de substituer l’éclairage désagréable ou insuffisant par d’autres sources lumineuses, souvent grandes consommatrices d’énergie, comme des lampes halogènes sur pied.
- Les anciennes installations d’éclairage nécessitent des puissances installées deux fois supérieures aux installations modernes équipées de luminaires haut rendement (réflecteurs, optiques à miroirs) et de ballasts électroniques. Le "relighting" constitue donc une opération très rentable .
- La teinte des murs et plafond a également une incidence directe sur l’intensité de l’éclairage. Les tons clairs doivent être privilégiés.
- Dans les lieux qui ne nécessitent pas un éclairage en continu, des détecteurs de présence ou des sondes crépusculaires, par exemple, permettent de réduire sensiblement les consommations d’éclairage.

La ventilation et la climatisation:
- le RGPT impose un apport d’air neuf et une évacuation de l’air vicié à raison de 30 m³/h par travailleur. Pulser 100 m³/h d’air neuf, au lieu des 30 imposés, engendre une surconsommation de 70 litres de mazout par occupant par an . Selon la situation initiale, mieux gérer la ventilation peut générer des économies d’énergie très importantes;
- le recours à la climatisation, qui occasionne de grosses consommations d’énergie, peut être limité en plaçant des protections solaires externes, en plaçant un éclairage performant qui nécessite une puissance installée plus faible, en utilisant des écrans plats qui consomment environ 4 fois moins d’énergie que les écrans à tubes cathodiques… Pour réduire les besoins de climatisation, il faut donc veiller à limiter les apports solaires en été, ainsi que les apports de chaleur internes au bâtiment.

Les consommations électriques:
- lors de l’achat de nouveaux équipements, leurs consommations, en fonctionnement et en veille, devraient faire partie des critères de choix. Certains équipements de bureaux, plus souvent en veille qu’en fonction (p. ex. un fax ou une photocopieuse) méritent une comparaison attentive de leur consommation en veille. Choisir un équipement adapté à ses besoins permet également de réduire les consommations électriques: une imprimante à jet d’encre consomme deux fois moins d’énergie qu’une imprimante laser en veille, et jusqu’à 30 fois moins en fonctionnement;
- des blocs multiprises équipés d’interrupteur permettent de supprimer les consommations résiduelles qui subsistent lorsque les appareils, même éteints, restent sous tension. L’utilisateur peut ainsi, d’un unique geste, couper l’ordinateur, l’écran, l’imprimante… Multipliée par le nombre de postes de travail, l’économie d’énergie est loin d’être négligeable pour un investissement initial de 5 ou 6 euros. Par exemple, l’horloge d’un équipement (four à micro-onde, magnétoscope…) consomme environ 5 W; la consommation électrique annuelle s’élève à 43,8 kWh soit une facture de près de 9 euros. L’exemple précédent peut être transposé à un ordinateur de bureau et à son écran.

La sensibilisation et la participation des occupants

Quelques-uns des exemples d’économies réalisables présentés ci-avant impliquent la participation des usagers. En effet, leur contribution à l’utilisation rationnelle de l’énergie est loin d’être négligeable. Ainsi, les campagnes de sensibilisation permettent généralement de réaliser des économies d’énergie de 6 à 15 %, sans investissement matériel.
Bien que des changements de comportement et l’adoption de gestes URE soient souhaitables en l’absence de toute intervention technique, il ne faut pas perdre de vue que les usagers acceptent souvent difficilement de pallier, par leur attitude, les déficiences techniques des installations non maintenues en état. Effort des occupants et entretien, voire rénovation énergétique des installations et/ou du bâtiment, vont de paire.

Après travaux, la mise en service d’un nouveau bâtiment ou d’un bâtiment rénové sur le plan énergétique doit nécessairement s’accompagner d’une sensibilisation des occupants afin de leur permettre de s’approprier son mode de fonctionnement énergétique et de poser les gestes adéquats.

Les gestes URE à adopter sont bien connus. Quelques-uns sont rappelés ici à titre d’exemple:
- éteindre la lumière en quittant le local (pause de midi, réunion, fin de journée);
- mettre un pull et abaisser la température de chauffage de 23 à 20 °C;
- fermer les portes;
- couper le chauffage lorsque les fenêtres sont ouvertes pour aérer;
-utiliser correctement les vannes thermostatiques: à chaque position de la vanne correspond une température de consigne. La position "3" correspond à une température de 20°C. Placer la vanne sur la position "5" ne fait pas chauffer le radiateur plus vite mais amène la température du local à 25°C ;
- fermer les stores pour la nuit en période de chauffe afin de réduire les déperditions thermiques;
- fermer les stores en été lorsqu’il y a risque de surchauffe;
- couper les consommations de veille;
- …

La participation des usagers peut être plus proactive: les occupants sont en première ligne pour détecter les défauts énergétiques et en faire part aux gestionnaires du bâtiment. Ils peuvent également suggérer des pistes d’amélioration. La commune peut développer un système de consultation des occupants, soit ponctuel (par un questionnaire, …), soit permanent (par la mise en place de boîtes à suggestions, en désignant une personne-relais, une adresse email, …).

Les concierges sont généralement les personnes qui connaissent le mieux "leur" bâtiment et constituent de ce fait un relais intéressant pour détecter des anomalies de fonctionnement. Plusieurs communes associent déjà les concierges à la gestion, notamment énergétique, des bâtiments.
Le personnel d’entretien constitue également un public-cible pour la sensibilisation. Ces personnes étant souvent les dernières à quitter le bâtiment, elles peuvent vérifier que les fenêtres sont fermées, les lampes éteintes, …

La modification des comportements suppose de la persévérance et d’agir avec psychologie  comme dans tout rapport humain. D’une part, l’usager ne perçoit pas toujours bien l’impact, en termes d’économies d’énergie, des petits gestes qu’il peut adopter. D’autre part, il accepte parfois difficilement de modifier ses habitudes quotidiennes car il peut ressentir ces changements comme une entrave à sa liberté.
Sensibiliser et motiver les occupants nécessite d’abord de les convaincre de l’utilité des gestes qu’ils peuvent poser, et implique ensuite une action dans le long terme afin de permettre une évolution des mentalités et l’ancrage de nouveaux comportements.

Pilotage et outils

Le responsable énergie est la personne de référence chargée de la gestion énergétique des bâtiments communaux. Son profil technique, complété d’une solide formation de 14 jours centrée sur le bâtiment et ses installations, lui permettent de mener à bien des projets techniques, de l’étude à la rédaction des cahiers des charges. Désigner un responsable énergie, reconnu par l’ensemble du personnel communal et des élus, et le former, c’est donner une visibilité et un élan à la gestion énergétique du patrimoine communal.

Le conseiller en énergie a une mission plus large et moins spécifique, mais tout aussi liée à l’utilisation rationnelle de l’énergie. Il est chargé de sensibiliser le personnel communal et les citoyens à l’URE, de veiller au respect des normes d’isolation thermique et de ventilation dans les demandes de permis d’urbanisme, d’améliorer la connaissance de la consommation d’énergie dans les bâtiments communaux par la réalisation du cadastre énergétique et la mise en place d’une comptabilité énergétique grâce auxquels peuvent être déduits des axes d’amélioration. Il n’a pas pour vocation et n’est pas formé pour rédiger les cahiers des charges; en collaboration avec le service des travaux, il veille à prendre en compte les coûts de l’énergie lors des décisions d’investissement et il propose des clauses énergétiques à insérer dans les cahiers des charges.

En matière d’URE, le site internet Energie+ constitue assurément une aide de choix. Il fournit une mine d’informations sur les techniques de conception et d’amélioration énergétique des bâtiments:
- la conception, l’audit et la rénovation énergétique d’un bâtiment;
- le suivi des consommations, la sensibilisation des occupants, l’exploitation énergétique;
- l’isolation thermique;
- le chauffage, l’eau chaude sanitaire;
- la ventilation, la climatisation;
- l'éclairage;
- la cogénération;
- la bureautique, le réseau électrique, les ascenseurs, …
Il propose en outre des clauses énergétiques à insérer dans les cahiers des charges.

----------

  1. La Région wallonne met à disposition le logiciel COMEBAT, téléchargeable gratuitement sur le site web http://energie.wallonie.be. Une nouvelle version de COMEBAT devrait être disponible prochainement.
  2. V. aussi: MRW, Mémento énergie - Secteur Tertiaire, Mai 2006.
  3. Par an, durant la saison de chauffe (5.800 h du 15.9 au 15.5), chaque mètre de tuyau non isolé gaspille: 60 W x 5.800 h =  348.000 Wh = 348 kWh.  A 0,85 euro le litre de mazout et un litre de mazout équivalant à 10 kWh, chaque mètre de tuyau non isolé occasionne une perte de: 34,8 x 0,85 = 29,58 euros par an.
  4. Le rendement mesuré lors de l’entretien figure au bas de l’attestation remise par le chauffagiste. Ce sujet est plus largement développé dans l’article: F. Derny, Gestion énergétique des bâtiments publics: qu’est-ce qui fait grossir vos factures?, le Réactif, Ministère de la Région wallonne, DGTRE, n° 37, p. 8-9.
    Les anciens numéros de la revue sont téléchargeables sur le site http://energie.wallonie.be
  5. Pour approfondir le sujet, voir l’article: J. Matthews (ICEDD), Relighting - Vers des choix énergétique… éclairés, le Réactif, Ministère de la Région wallonne, DGTRE, n° 48, p. 8-9.
  6. Règlement général pour la protection du travail.
  7. F. Derny, Audit énergétique - Une démarche souvent indispensable et presque toujours rentable, le Réactif, Ministère de la Région wallonne, DGTRE, n° 37, pp. 10-11.
  8. Les vannes thermostatiques doivent cependant être ouvertes au maximum dans le local où est placé le thermostat d’ambiance car dans ce local, c’est le thermostat qui règle la température de la pièce.
  9.  https://energieplus-lesite.be/
  10. L’article Energie+, un outil précieux pour aider les gestionnaires à économiser l’énergie dans les bâtiments, publié sur le site web de l’Union (http://www.uvcw.be) à la rubrique énergie offre, un lien direct vers les clauses énergétiques.

Voir le catalogue complet

Date de mise en ligne
5 Février 2009

Type de contenu

Q/R

Matière(s)

Energie
Activez les notifications

Soyez notifié de toutes les nouveautés dans la matière Energie