Réforme du chômage : des ajustements bienvenus, des enjeux persistants pour les CPAS
Dans la nuit du 22 mai 2025, le conseil des ministres restreint (kern) est parvenu à un accord sur la loi-programme, incluant notamment la réforme du chômage. Celle-ci, qui prévoit une limitation des allocations à deux ans, sera bien mise en œuvre à partir du 1er janvier 2026, mais de manière étalée dans le temps.
Nous espérons que ce phasage « progressif », fruit d’un dialogue nourri avec les acteurs de terrain, permettra une meilleure prise en compte des réalités sociales et opérationnelles. L’Union des Villes et Communes de Wallonie et la Fédération des CPAS accueillent positivement cette décision.
Concrètement, l’entrée en vigueur se fera en trois étapes successives : d’abord pour les personnes au chômage depuis plus de 20 ans (1er janvier), ensuite pour celles inoccupées depuis plus de 8 ans (1er mars), et enfin pour les demandeurs d’emploi depuis moins de 8 ans (1er avril). Une seconde vague de 60.000 personnes est attendue au 1er juillet 2026.
Cette mise en œuvre davantage « progressive » résulte des consultations menées auprès de la Fédération des CPAS, des Régions et des partenaires sociaux. Une attention particulière a été portée, notamment, à l’impact que la réforme pourrait avoir sur les services sociaux de première ligne.
Si cette temporalité assouplie répond en partie aux préoccupations exprimées, elle ne dissipe pas pour autant toutes les incertitudes, ni les craintes.
En 2026, en Belgique, environ 125.000 personnes – 54.000 en Wallonie – sortiront du régime des allocations de chômage. Même si une partie d’entre elles pourrait rebondir vers l’emploi ou d’autres formes de soutien, les CPAS restent en première ligne face au risque d’un report de charge important, sans garanties budgétaires claires à ce jour. Le ministre de l’Emploi, David Clarinval, a reconnu la nécessité d’un « lissage » dans la mise en œuvre, évoquant une adaptation estimée à 300 millions d’euros pour le fédéral.
Par ailleurs, le kern a décidé de ne pas appliquer la même limitation aux allocations de garantie de revenus pour les travailleurs à temps partiel. Ceux-ci pourront conserver leur complément de l’Onem, pour autant qu’ils travaillent au moins à mi-temps. Une décision saluée pour sa dimension sociale, bien qu’elle réduise les économies espérées.
Pour les CPAS et les villes et communes, la période qui s’ouvre s’annonce donc comme un moment charnière : accompagner ces transitions, sans disposer à ce stade de toutes les réponses sur les moyens humains et financiers pour y faire face.