La taille des arbres: démonstration de taille douce
Objectifs
Dans le courant de l’année 2006, l’administration communale de Blegny en partenariat avec la ville de Herve et avec l’ASREPH a organisé deux demi-journées d’information sur la taille des arbres du domaine public. Douze communes y étaient représentées.
Après une première séance théorique en avril, très instructive, nous avons organisé une formation pratique assurée par un spécialiste de la taille douce. Nous sommes persuadés de l’utilité de pareilles rencontres au niveau des communes, tant pour le patrimoine arboré lui-même, afin qu’il soit mieux respecté, que pour le personnel amené à s’en occuper afin qu’il se sente soutenu et aidé dans sa mission.
Suite à la formation pratique et pour poursuivre cette action de sensibilisation, les auteurs de cette initiative ont rédigé un second rapport reprenant les informations principales pour gérer harmonieusement le patrimoine arboré de nos parcs et jardins que nous souhaitons diffuser auprès de nombreuses communes.
Descriptif

Pour cette journée de pratique de la taille des arbres,  Monsieur Vincent Kervyn était notre conférencier invité. Arboriste conseil,  spécialiste de la taille douce en arboriculture ornementale et membre fondateur  d’Arboresco (association des artisans de l’arbre), il a tenu à rappeler en  début de séance quelques principes essentiels de la technique d’entretien des  arbres: 
  - un arbre, moins il est taillé, mieux il se porte. L’arbre n’a  nullement besoin d’être taillé: c’est l’homme qui induit cette nécessité;
- le choix de l’espèce à planter dépend avant tout de l’espace disponible;
- dans la mesure du possible, il faut accorder aux arbres la possibilité d’un développement naturel, de la sorte, ils auront un "port libre";
- le recours à une "forme architecturée" (par taille, ce qui est toujours très onéreux en main d’œuvre) ne doit être envisagé que pour répondre à des problèmes ponctuels ou pour obtenir des effets particuliers. Dans chaque cas, il est grandement conseillé de "former" les arbres dès leur jeune âge;
- une bonne connaissance des caractéristiques de l’essence à entretenir est capitale pour la réalisation d’un bon travail;
- le souci du respect des racines (fonction nutritive et résistance mécanique) doit être une préoccupation capitale pour tout responsable avisé de la bonne gestion. Il s’agit hélas d’une évidence que l’on oublie trop souvent.
Après son exposé, Monsieur Kervyn procéda à une démonstration sur le terrain, différents problèmes de taille furent abordés avec les participants et chaque arbre à tailler fut l’objet d’une étude critique avant de commencer le travail.
Pour rappel    
    Ne pas oublier que toute coupe doit être réalisée en respectant  scrupuleusement les consignes de bonne pratique du savoir-faire des différentes  tailles développées précédemment (voir premier fascicule de la taille des  arbres).
Mise en œuvre – étapes
Sur le terrain, divers types de tailles ont été envisagées en fonction de l’espèce en présence ou de l’objectif poursuivi par la taille.
A. Taille de restructuration d’un arbre. "aubépine à fleurs roses doubles"
L’aubépine rose est utilisée fréquemment comme arbre de faible développement, elle apporte par ses fleurs une jolie coloration aux lieux publics chaque printemps.

Remarquez la densité de pousses verticales et vigoureuses suite à une mauvaise technique de taille alors que la silhouette typique de cet arbre devrait présenter un port plus étalé, style parapluie ouvert à longues branches retombantes.
Particularités
Tout d’abord, il s’agit d’un arbre greffé, il est donc nécessaire d’enlever les jets qui se développent sous le point de greffe situé au sommet du tronc. La floraison des aubépines a lieu sur le bois de 2 ans, il ne faut surtout pas sacrifier les pousses de l’année car c’est réduire d’autant la floraison de l’année suivante.
Analyse du problème rencontré
Trop souvent les aubépines sont  traitées par une taille de raccourcissement drastique et tabulaire Si  l’avantage est que "l’opération"  est rapide, les inconvénients  sont pluriels:
  - la floraison sera à l’avenir  réduite;
  - l’arbre perd définitivement sa  silhouette caractéristique;
  - de nombreuses pousses plus ou moins verticales se  développent sur la base des charpentières, ce qui densifie malencontreusement  le branchage;
  - le risque d’apparition de jets  sur le tronc est accru.
Toutefois l’aubépine résiste bien à ce traitement mutilateur pour un petit arbre qui avait été planté pour ses fleurs et pour son port gracieux. Conséquence de la sélection végétale, cette variété donne rarement des fruits.
Remède
- Rendre à l’arbre une structure typique en sélectionnant les branches aptes à restituer au mieux cette charpente sans raccourcir les prolongements sélectionnés. Pour aérer sa couronne et rendre apparente la silhouette de l’arbre, il faut supprimer à leur base toutes les branches, qui chevauchent ou blessent les charpentières qui sont mal venues ou mal orientées ou encore abîmées.
Remarque
Les cerisiers du Japon sont des arbres à fleurs de la même famille,  qui ont les mêmes particularités que les aubépines tout en ayant un  développement plus important. 
    
Cela signifie qu’ils ont besoin de plus d’espace. Leur traitement de "restructuration" répond aux mêmes principes. Toutefois, chez le cerisier du Japon, la nécessité d’une bonne aération de la couronne est encore plus importante pour éviter les risques de pourriture des fleurs en plein épanouissement car elles sont très sensibles aux infections fongiques. Si l’aubépine rose est greffée sur aubépine indigène, le porte greffe du cerisier du Japon est le merisier.
Ne jamais perdre de vue que le cerisier "accepte" moins bien la taille que l’aubépine. Il "gomme" facilement.
On peut préciser que par les  racines très superficielles qu’il peut développer là où la nature du sol  empêche une bonne pénétration normale, le cerisier du Japon peut mettre à mal  les dallages du trottoir. Planter un cerisier dans leur proximité nécessite  donc la présence d’un volume de terre exploitable suffisant et bien "défoncé".
b. Taille d’adaptation d’un arbre à son environnement. "Marronnier proche d’un bâtiment"

                                                 
Le marronnier est un arbre à développement très important qui supporte très bien la taille, pour autant qu’elle soit faite  sur bois jeune (pas plus de 6 - 7 ans).
Particularités
Le bon choix de l’endroit de  plantation est déterminant pour l’avenir de l’arbre. S’il ne dispose que d’un  espace exigu, il doit être formé dès son  jeune âge à un port architecturé.
Il est évident que s’il est  planté pour la floraison, il doit profiter d’un espace maximal et un nombre  suffisant de pousses annuelles doit être rigoureusement respecté pour fleurir  l’année suivante.
Analyse du problème rencontré
L’arbre en port libre, côté bâtiment, est cause de détérioration au niveau des corniches et du toit. Par ailleurs, des branches s’abîment au contact du mur, ce qui occasionne un déséquilibre de l’arbre et nécessite parfois la suppression d’une ou l’autre branche côté opposé.
Remède
Certes la solution radicale serait de supprimer l’arbre, ce qui est toujours regrettable, en fait il s’agit d’un arbre d’une trentaine d’années. Il est heureusement aisé de procéder autrement:
1) supprimer les branches côté  mur de l’église, étant donné l’espace restreint entre l’arbre et le mur, il  convient de couper ces branches plus ou moins horizontales au ras du tronc,  maintenir des prolongements est déconseillé. 
  En effet cela devrait être  réalisé par coupe de l’extrémité dérangeante au-delà d’une ramification dont le  diamètre est au moins égal au tiers de celui de la partie coupée ce qui  reposerait problème l’année prochaine ou la suivante.
2) au-dessus du bâtiment (mais un  peu plus haut pour éviter les branches retombantes), laisser un port libre à la  ramure.
              
3) pour maintenir le bon équilibre  de la couronne de l’arbre, couper quelques branches superflues ou mal venues de  l’autre côté.
C. Taille de sauvetage d’un arbre. "tilleul en mauvais état sanitaire"

Le tilleul est un arbre idéal pour les lieux publics qui malgré son bois tendre est d’une incroyable vigueur mais qui n’apprécie guère les tailles agressives.
Analyse du problème rencontré
Dans le cas présent, il s’agit d’un sujet d’environ 35 ans qui s’est développé en port libre pendant 30 ans puis qui a été brutalement réduit à un "piquet" de 5 mètres de haut sur lequel sont insérés des moignons de branches charpentières longs de 50 centimètres à un mètre.
Il est évident que ce traitement a occasionné à l’arbre un traumatisme maximal difficilement réparable et qu’à partir des larges plaies non cicatrisables, le cœur de l’arbre a commencé à pourrir. Toutefois, à partir des substances de réserve qu’il avait accumulées, l’arbre a produit un grand nombre de jeunes pousses dans un désordre organique total. La cime s’est "reconstituée" mais présente une forme chaotique.
Remède
1) supprimer au ras du tronc les moignons en mauvais état.
2) sélectionner sur les moignons sains l’un ou l’autre prolongement à respecter et couper toutes les pousses surnuméraires.
3) vu l’état fragilisé de  l’arbre, il faut éviter une trop forte extension des branches; devenues trop  importantes et trop lourdes, elles risqueraient de s’arracher sous la violence  des vents. 
Il serait dès lors conseillé de  rendre à l’arbre une structure typique à port architecturé et de traiter ses  prolongements sur "tête de chat" (à refaire tous les deux ans).
D. Taille d’un arbre en port architecturé sur "tête de chat"

Le tilleul et le platane sont deux essences des espaces publics qui acceptent particulièrement bien ce type de traitement. Le marronnier peut aussi subir le même traitement. Certains parcs renferment encore de vieux tilleuls, mémoires du 18e siècle à la vigueur étonnante qui exhibent une architecture admirable.
Particularités
Il est évident que si le tilleul occupera correctement l’espace réduit qui lui a été attribué, il ne pourra plus réjouir le voisinage, ni par ses floraisons, ni par l’ampleur de son dôme où auraient pu butiner des milliers d’abeilles.
Il réclamera également beaucoup plus de soins qu’un tilleul en port libre puisqu’il devra subir une taille totale et correcte, tous les ans, voire tous les deux ans.
Epoque de la taille
La "taille en vert" est  idéale pour intervenir sur du bois de moins de 3 ans, elle se réalise hors  période de gel et de montée ou descente de sève, c’est-à-dire  du 15 juin à fin août. La taille durant la  période de repos hivernal est moins conseillée, toutefois elle se pratique.
Technique d’intervention
1 - Si l’arbre est formé (C’est-à-dire si chaque charpentière se  termine par un renflement);
  - couper une à une les pousses  (en respectant l’empâtement sur  collet  au niveau des "têtes de chat";
  
Quatre "têtes de chat"; Des moignons à respecter
- veiller à supprimer le bois  mort et tous les éventuels rameaux qui se seraient développés sur le tronc ou  les branches en dessous des "têtes de chat";
- éviter de blesser les "têtes  de chat".
2 - Si l’arbre est jeune (c’est-à-dire que l’arbre est à former):
- sélectionner la forme choisie  (pyramide, boule, fuseau, plateau, peut-être même palissée). Il est utile de  savoir que plus on sélectionne des "têtes de chat" sur un arbre,  moins elles seront grosses, question d’esthétique;
  - couper les branches juste  au-delà d’une ramification. C’est à partir de ce bourrelet cicatriciel que vont  se former de nouvelles pousses qu’il faudra couper;
  - ces coupes successives d’année  en année vont de plus permettre l’accroissement progressif de ces moignons où  est stockée une grande quantité de réserves; 
- lors de chaque nouveau  percement, les jeunes pousses qui profitent de ces réserves nutritives  développent des prolongements vigoureux avec de grandes feuilles.
Informations
La tête de chat
La tête de chat (aussi appelée tête de saule) est une zone renflée de la tête d’un arbre, d’une tige ou d’une branche d’arbre qui subit des coupes répétées, annuelles ou bisannuelles, appliquées au même endroit pour supprimer toutes les pousses d’au moins un an et d’en faire naître de nouvelles. L’extension de l’arbre est ainsi limitée: c’est le cas des tilleuls, des acacias boules, des saules cendrés… régulièrement taillés.
Port des arbres et silhouettes

   Pyramidal              Fastigié                        Erigé                       Etalé                             Pleureur                       boule                        Tabulaire
E. Plantation d’un arbre à proximité d’une ligne électrique
L’idéal serait évidemment de n’y planter que des variétés à développement limité qui ne viendraient jamais en concurrence avec la ligne électrique. Malheureusement, sur le terrain, il en est souvent bien autrement ce qui entraîne des tailles régulières et adaptées.
1) S’il faut planter de grands arbres, il faudrait choisir:
- des variétés à  faible développement vertical à port étalé ou en boule qui n’atteindraient  jamais la hauteur de la ligne.
    
- des variétés de  faible développement latéral identifiables à leur port étroitement pyramidal ou  fastigié qui peuvent atteindre de grandes tailles
    
2) Si les arbres existent
Il faudra pratiquer régulièrement des tailles sélectives. Cette taille peut être réalisée dès fin juin.
a) L’arbre est situé sous la ligne. Il convient de supprimer juste au-delà  d’une bifurcation les branches qui sont proches de la ligne, (prévoir une  distance d’un mètre) 
    
Les chiffres et les traits  représentant les branches et les endroits de coupe.
Remarque
  S’il s’agit d’une ligne à moyenne  tension (plus de 500 volts) il faut une distance beaucoup plus grande pour  éviter la formation d’un arc électrique
b) L’arbre est à proximité de la ligne. Il convient de couper les branches ou leurs parties qui se développent au voisinage de la ligne.

F. Allègement – entretien de la cime d’un tilleul
    
"Avant la taille" "Après la taille"
Il s’agit pour les frondaisons d’un "nettoyage aération" et non d’une réduction de volume occupé!
G. Gestion d’un vieil arbre de position
Même si ce cas n’a pas été envisagé au cours de cette journée, il a paru nécessaire d’en rappeler le principe. En effet trop souvent lorsqu’il est demandé d’intervenir au niveau de la couronne d’un arbre, généralement pour des raisons sécuritaires ou sanitaires, l’opération se résume à un raccourcissement des prolongements.
Or ce n’est nullement de "modification de la silhouette" de l’arbre qu’il s’agit ce qu’interdit d’ailleurs la Région Wallonne …. Mais d’un entretien ou allègement de la couronne de l’arbre, comme le montrent les deux figures ci-dessus de gestion d’un tilleul, la frondaison de l’arbre a subi un (nettoyage aération)…ce qui réduit sans la raccourcir le poids de la cime de ce vieil arbre fragilisé. Par contre, ce traitement permet de remettre en évidence la disposition architecturée de sa ramure.
Financement et moyens
L’Association A.S.R.E.P.H. remercie chaleureusement l’Administration Communale de Blegny d’avoir pris en charge tous les frais et le soutien logistique nécessaires à la bonne organisation de la formation pratique à la taille des arbres de nos espaces publics par Monsieur Kervyn, spécialiste de la taille douce.
En savoir plus
- Rapport  de la Conférence dédiée à la taille des arbres organisée en 2006 par  l’Association pour la Sauvegarde et le Respect de l’Environnement du Pays de  Herve (a.s.r.e.p.h.) en collaboration avec la Ville de Herve et la Commune de  Blegny. 
  Site  internet de l‘UVCW: http://www.uvcw.be/no_index/cdv/articlearbrescommune.pdf 
- Rapport de la journée du 07 décembre 2006 organisée par l’ASREPH en collaboration avec la commune de Blegny sur la protection du patrimoine arboré du Pays de Herve via la Taille des arbres: démonstration de taille douce
- DRENOU  1999
  La taille  des arbres d’ornement, du pourquoi au comment. Ed. Institut pour le  Développement Forestier (France)
- MICHAU. E  1985
  Elagage –  Taille des arbres d’ornement.  Ed.  Institut pour le Développement Forestier (France)
-  RAIMBAULT. P et TANGUY. M 1993
  La gestion  des arbres d’ornement. Revue forestière française
-  RAIMBAULT. P DE JONGHE .F, TRUAN;R et TANGUY. M 1995
  La gestion  des arbres d’ornement II . Revue forestière française
- SHIGO.A  2000
  La  cicatrisation des arbres. Dossier pour la science "De la graine à la  plante"
- SHIGO.A  1991
  Modern  arboriculture. 
- BALLEUX.P  , PH de WOUTERS et V. LORENT 2001
  Revue Silva  Belgica . Elaguer vos arbres forestiers
-  TRIOREAU.P 2002
  La taille  tranquille des végétaux fruitiers et d’ornement. Ed. Horticolor
- LES AMIS  DE LA TERRE-BELGIQUE 2006
  Site  Internet www.amisdelaterre.be 
-  D.G.R.N.E.
  Site  Internet http://environnement.wallonie.be
Contacts
Monsieur J. de LEVAL
  Association pour la Sauvegarde et le  Respect de l’Environnement du Pays de Herve (ASREPH)
  Barbothez 31
  4653 BOLLAND
  Tel: 04/387 53 61
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