Projet de Plan Loups : l’avis de l’UVCW
L’Union des Villes et Communes de Wallonie vient d’être sollicitée par Céline Tellier, Ministre de l’Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal, concernant le projet de plan Loups, qui veille à prévoir, au mieux, le retour durable du loup dans notre région.
De manière générale, l’UVCW souhaite que les communes, autorité la plus proche du terrain et du citoyen, fassent l’objet d’une communication ciblée, comme cela est prévu pour d’autres acteurs comme les chasseurs, les agriculteurs et les scouts. Elles seront, en effet, au premier plan face à l’ensemble de ces acteurs et devront être en mesure de répondre aux interrogations, aux craintes, aux propriétaires dont le troupeau a subi une attaque. Mais, elles devront aussi pouvoir autoriser ou non certaines activités dans le périmètre d’une tanière. Les citoyens et les visiteurs devront aussi pouvoir trouver de l’information, sous forme de brochures par exemple, en allant à la commune ou en allant visiter son site internet, documentation fournie par l’Administration régionale.
Bien que persuadés que l’Administration détient l’ensemble des informations chiffrées concernant le retour du loup dans les pays voisins, l’UVCW estime que certains de ces chiffres devraient être intégrés dans le plan et pourraient ainsi permettre de mieux évaluer le risque pour le citoyen d’être confronté un jour à un loup et aux conséquences de cette rencontre.
Ainsi, il est très important de veiller à ce que les différentes situations possibles de rencontre entre les citoyens, leurs animaux et le loup soient envisagées et évaluées tant en termes de risques qu’en termes d’occurrences.
De même, à la lecture de ce projet, il manque de précision quant à l’impact des mesures telles que décrites pour protéger les sites de reproduction sur le secteur de l’exploitation du bois et sur les activités de tourisme. La protection de cette espèce ne doit pas non plus entrainer de trop grandes difficultés pour les autres secteurs, que cela soit le secteur de l’exploitation ou du tourisme.
En effet, suspendre tous travaux forestiers d’avril à septembre dans un périmètre non-précisé dans le plan autour de la tanière ne parait pas adéquat car les travaux forestiers ne concernent pas que les coupes à blanc, mais bien d’autres étapes dans la conduite d’une production de bois. Même en zone Natura 2000, les exploitations ne sont suspendues que jusqu’à fin juin. Il faudrait veiller à préciser davantage les actes et travaux qui sont visés et le périmètre concerné. L’UVCW pense également qu’il serait indispensable de prévoir des exceptions à ces interdictions pour permettre la gestion d’autres crises touchant la forêt et nécessitant de pouvoir circuler partout et en tout temps, comme pour aller exploiter des arbres scolytés ou rechercher des animaux malades, comme c’est le cas avec la PPA.
De plus, le projet de plan indique qu’il faudra exclure toute circulation (motorisée ? à pied ? …) autour de la tanière dans un périmètre non précisé et une durée non-précisée non plus. En fonction de la localisation de la tanière, de nombreux cas différents vont se présenter avec des Ravel, des circuits de randonnées, des chemins d’accès, etc. avec des impacts potentiels qui vont varier en fonction des données manquantes reprises ci-dessus.
Enfin, il paraitrait important de préciser davantage le plan par rapport aux interactions qu’il pourrait y avoir avec les différents acteurs de la forêt. Nous avons abordé ci-avant la problématique de l’axe de la production de bois. Les chasses en battue pourront-elles continuer à se pratiquer alors qu’il y a une tanière sur la propriété chassée ou voisine de celle-ci ? Le plan n’aborde apparemment l’axe loups-chasseurs que sous l’aspect de concurrence par rapport au grand gibier. Les mouvements de jeunesse vont-ils pouvoir poursuivre leurs activités en forêt, à proximité d’une tanière, au sein du territoire d’une meute ? Comment pourra encore s’organiser le tourisme en forêt si on doit fermer les chemins ou les circuits de randonnées pendant la bonne saison ?
L’UVCW pense que le retour du loup ne se fera pas sans quelques ajustements dans les pratiques actuelles. Mais, les piliers économique et social de la forêt ne doivent pas pâtir de la mise en œuvre d’un excès de prévention. C’est pourquoi l’UVCW est persuadée que l’ajout d’un certain nombre de précisions dans ce projet de Plan Loup ne pourra que rasséréner les acteurs.