Frelon asiatique! Viser le maintien de la sécurité publique plutôt qu’une éradication devenue impossible.

Introduction

L’arrivée du frelon asiatique, Vespa velutina nigrithorax, sur notre continent date d’il y a presque 20 ans. En effet, c’est probablement en 2004 qu’une femelle fondatrice est arrivée en France tapie dans une cargaison de poteries en provenance de Chine et livrée dans le Lot et Garonne.

Depuis, l’espèce s’est répandue dans différentes régions de France pour ensuite contaminer les pays voisins comme l’Espagne en 2010 et la Belgique avec un premier nid détecté dans la région de Tournai en 2016. Il n’a pas fallu longtemps avant que cet insecte ne colonise notre région à un point tel que la politique de lutte contre cette espèce exotique envahissante passe d’un projet d’éradication à une gestion des nids dans les lieux sensibles pour la sécurité publique ou l’apiculture.

Jusqu’en 2022, cette lutte était encore supportée par la région mais l’étendue du défi est telle que les ministres de l’environnement et de l’agriculture ont dû revoir les objectifs de lutte pour notre région. Il n’est apparemment plus réaliste d’espérer éradiquer les frelons asiatiques de notre territoire tant les nids se sont propagés. 

La motivation « Sécurité publique » 

Dans le cas d’une détection d’un nid au sein de l’espace public communal, les communes devront analyser la pertinence d’une intervention de destruction d’un nid en fonction de la situation par rapport à leurs missions de sauvegarde de la sécurité publique.

Les nids surplombant des espaces publics ou détectés dans des endroits publics fréquentés par des personnes à risque feront l’objet d’une grande attention pour décider de leur neutralisation. Si celle-ci est nécessaire, la commune devra faire procéder à sa destruction en faisant appel à du personnel spécialement formé par le CRA-W et équipé pour cette tâche. Une liste d’opérateurs formés est disponible sur internet.

En effet, le risque pour la sécurité publique dans nos communes va varier en fonction de la localisation du nid et de la sensibilité des personnes risquant d’être piquées.

-          Si le nid est hors de portée, le risque d’attaque est faible mais représente tout de même un danger important pour les personnes allergiques aux piqûres. D’après le centre Antipoison, une personne sur cinquante serait allergique au venin de guêpe ou d'abeille.

-          Si le nid se trouve à hauteur d’homme ou à moins de 5m d’un lieu de passage, la probabilité d’attaques est par contre importante en cas de dérangement ou de simple passage à proximité. Le risque augmente potentiellement lors des travaux d’entretien de la végétation. Une sensibilisation des services dédiés aux tailles ou abattages d’arbres doit être menée afin de les amener à vérifier l’absence de nid dans la végétation avant d’entamer leur travail pour autant que cela soit possible. Cela leur permettra d'éviter d’être assaillis par les frelons dérangés issus d’un nid camouflé.  

Lorsque ces nids sont découverts chez les citoyens, il leur revient de faire appel eux-mêmes, comme c’est déjà le cas pour les nids de guêpes ou de frelons européens, à un opérateur-désinsectiseur formé par le CRA-W.

Afin de connaitre au mieux l’étendue de la distribution du frelon asiatique en Wallonie, toutes les observations de cet insecte peuvent être répertoriées via ce formulaire d'encodage. Ces observations doivent être accompagnées de photographies numériques du nid et/ou de l'insecte afin de permettre leur validation. Attention qu’il ne s’agit que d’un encodage et non d’une demande d’intervention.

La motivation « Apiculture »

Les frelons asiatiques ont un impact négatif non-négligeable sur le développement des colonies d’abeilles mellifères. L’impact sur les ruchers attaqués peut être important ce qui représente un préjudice certain pour les abeilles et pour les apiculteurs. En Asie, les populations d’abeilles ont développé des méthodes de défense apparemment efficaces alors que nos abeilles européennes faisant face à un nouveau type de prédateurs en sont démunies et subissent leur prédation.  

En Wallonie, la lutte contre le frelon asiatique s’organise avec notamment la recherche poussée sur l’efficacité de pièges à frelons sélectifs. Une nouvelle campagne de piégeage de printemps des fondatrices de frelon asiatique débute et va permettre de tester les nouveaux pièges élaborés par le CRA-W. Ce dernier distribuera aux apiculteurs intéressés un kit de piégeage. 

Des communes fort touchées par la problématique participent d’ailleurs, comme Braine-Le-Comte, à la distribution de ces pièges aux citoyens afin d’optimaliser le réseau de piégeage.

La recherche s’attelle également à trouver les meilleures protections physiques à placer autour des ruches.

Enfin, lorsqu’un nid de frelons asiatiques est détecté dans un périmètre d’un kilomètre autour d’un rucher, la neutralisation peut être prise en charge gratuitement par l’apiculteur.

La motivation « Biodiversité »

L’impact de la prédation de ces frelons sur l’entomofaune n’est pas négligeable et dépendra de la situation du nid.  

-          En zone urbaine, deux tiers des proies sont prélevés au détriment des abeilles tandis que le tiers restant est partagé entre d’autres espèces de vespidés ou de diptères.

-          En zone agricole, ces proportions changent avec une augmentation de la prédation au niveau des diptères et des autres espèces de vespidés tandis que les pertes au niveau des abeilles diminuent de moitié.

-          En zone forestière par contre, l’impact se répartit quasi uniformément entre les abeilles, les autres espèces de vespidés et les diptères.