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Mis en ligne le 7 Mars 2005

La politique de conservation de la nature s’est longtemps focalisée sur la mise en réserve des sites les plus remarquables. Dans la mesure où l’homme étend ses activités sur presque tout le territoire, c’est un réflexe logique et très important: préserver ce qui est malgré tout resté riche en biodiversité. Cette politique continue d’ailleurs d’être la priorité, car si ces sites là disparaissent, de quel patrimoine naturel pourrons nous encore parler?

Cependant, un constat a émergé: si la surface des zones réservées à la nature augmente, la biodiversité (espèces et habitats naturels) continue de disparaître! La mise en réserve ne suffit pas, il faut adopter des politiques complémentaires qui permettent de prendre en compte l’ensemble du territoire.

Cette réflexion a abouti à l’idée de réseau de milieux naturels - le réseau écologique - qui est constitué des réserves (qu’on appelle “zones centrales”) mais aussi de zones de développement de la nature et du paysage et de zones (ou éléments) de liaison. Les “îlots” de nature extraordinaire doivent être soutenus par une trame plus générale de nature ordinaire: les forêts, champs, cultures, rivières et zones humides, villes et villages, jardins, parcs, etc., sont donc amenés à participer au maintien, voire au développement, d’une nature globale et complexe. Il est clair aujourd’hui que cette nature, par essence mobile, dynamique et évolutive, ne peut être confinée dans certaines zones.

Que faire?

Un problème se pose en effet. Dès qu’un milieu n’est pas réservé à la nature, il y a de fortes chances pour qu’il soit occupé et utilisé par l’homme, avec des finalités diverses: économiques, sociales, culturelles, sportives, touristiques, …

Hors réserves, nous sommes donc confrontés à un ensemble d’acteurs susceptibles d’être concernés, de près ou de loin, par la problématique du patrimoine naturel. Concernés mais pas nécessairement intéressés. Comment faire prendre en compte la nature par tous ces acteurs, surtout quand ils ont bien d’autres priorités (production économique de bois, survie des exploitations agricoles, rôle social d’un parc en ville,...) et que celles-ci sont légitimes?

D’où, l’idée de mettre en place, sur base volontaire, des “partenariats locaux pour le développement de la nature”, idée centrale des PCDN (plan communal de développement de la nature)!

Le niveau communal

La commune est très vite apparue comme une unité de travail intéressante: gestion de proximité (comment intéresser sur des objets lointains?), identité locale ainsi que structure politique et administrative la plus proche du citoyen (en principe).

Avec l’institution communale et sur son territoire, un PCDN développe donc deux axes:

  1. un diagnostic de l’état actuel du réseau écologique communal: il s’agit d’obtenir une vision globale des différents types de milieux qui composent la commune, comment ils se structurent en réseau et de les hiérarchiser selon leurs qualités naturelles (en zones centrales, de développement ou de liaison);
  2. un inventaire des forces vives locales susceptibles d’être “acteurs pour la biodiversité”: c’est la constitution, l’élargissement et l’organisation du partenariat, sur base volontaire.

Qui? Comment?

Dans un PCDN, il y a deux acteurs différents des autres et indispensables:

  • la commune, qui doit initier la démarche, montrer sa motivation vis-à-vis du patrimoine naturel et être le moteur de son PCDN;
  • le bureau d’étude (l’écologue) chargé par la commune (avec l’aide de subsides de la Région wallonne) de réaliser le diagnostic du réseau écologique tout en donnant les premières pistes pour l’action.

Cependant, la biodiversité, en tant que ressource pour le développement humain actuel et futur, doit tous nous concerner! Il n’y a donc à priori pas d’exclusive quant à la participation aux PCDN: pour autant qu’il soit animé d’une motivation positive et constructive, tout acteur est le bienvenu, chacun peut s’exprimer, apporter sa réflexion et ses idées, participer à la réalisation de projets.

Mais comment faire s’entendre un partenariat d’acteurs aussi diversifiés que forestiers, agriculteurs, naturalistes, chasseurs, pêcheurs, élus, citoyens faisant partie d’associations ou non, etc.?

Et comment les intéresser à prendre en charge effectivement (le dire et le faire, chacun à son niveau et selon ses possibilités) la nature?

La base fondamentale d’un PCDN - sa fondation - est d’installer un climat de confiance et de respect mutuel entre les acteurs intéressés. Une phase importante du PCDN consiste en la présentation de chaque acteur (ou type d’acteurs) face aux autres: une meilleure connaissance de l’autre s’installe, des préjugés tombent, un véritable dialogue se met en place, des complémentarités ou des synergies sont entrevues, … On sait mieux les connaissances, les compétences et les idées de chacun, les “possibles” du futur PCDN, …

En parallèle, il est aussi important de sensibiliser l’ensemble des acteurs locaux et des citoyens à la nature, pour élargir le partenariat. L’image qu’on se fait du patrimoine naturel doit changer, évoluer d’une “nature contrainte” vers un “désir de nature”. Susciter l’adhésion à l’idée que la nature mérite une juste place dans notre société!

Par le dialogue et en s’appuyant sur l’outil “réseau écologique”, les partenaires réfléchissent petit à petit aux différents thèmes importants pour la nature communale (fonction des caractéristiques locales). Les premières idées de projets concrets, intéressants, possibles, opportuns, se mettent en place et le partenariat s’organise:

  • en groupes de travail: selon les thèmes choisis, développement des idées en projets sous forme de fiches, elles servent à décrire tous les éléments nécessaires à leur réalisation effective (elles formalisent également l’accord des partenaires sur l’idée, son développement, sa réalisation);
  • en comité de gestion: c’est le gardien de la bonne dynamique du PCDN; le comité rassemble les résultats du travail des groupes afin de donner une cohérence d’ensemble à une future “stratégie communale pour la nature”. Cette stratégie, accompagnée des fiches-projets, est rédigée dans un document qui constitue le “plan” de développement de la nature de la commune considérée.

Ce plan devient dès lors une double référence:

  • interne: le plan délimite un cadre pour l’action locale en faveur de la nature, cadre sur lequel il y a eu un accord des partenaires. Il sert de balise pour les projets (les fiches) et pour l’évaluation du PCDN (est-on sur la bonne voie par rapport à la stratégie? qu’a-t-on effectivement réalisé après un, deux, trois ans ou plus?). Par ailleurs, il sert également de référence pour tout nouveau partenaire qui souhaite “prendre le train en marche”. C’est un cadre souple qui peut évoluer avec le territoire et les acteurs, …
  • externe: le plan est une base tangible, palpable, pour amorcer un dialogue constructif avec tout acteur extérieur à la commune (gestionnaires, administrations, projets de plus grande envergure, etc.) qui pourrait exercer une influence, positive comme négative, sur le patrimoine naturel local.

A ce stade, commune et partenaires ont franchi un premier pas important pour l’avenir de leur nature! La nature n’est plus cette chose floue dont on sent qu’il faudrait s'occuper mais on ne sait pas trop comment (donc, on reporte, …); on a en main un plan, une stratégie, des projets et, surtout, les premiers accords - qui sait? - vers une harmonie plus vaste, … Pour certains, la différence paraît minime; en réalité, du flou à une programmation spatiale et temporelle d’actions, un cap est franchi! La prise en compte de la nature s’organise, se développe et s’inscrit dans le paysage local. La transmission d’un patrimoine naturel en bon état aux générations futures devient la responsabilité de tous!

Pour quoi? Sur quoi débouche un PCDN?

L’objectif central d’un PCDN est bien entendu de répondre au constat de départ: la diminution des espèces et des habitats naturels. Pour cela, il faut tenter d’évoluer vers une prise en compte de la nature sur l’ensemble du territoire communal, dans les différents milieux (pas seulement les plus riches en biodiversité), par les différents acteurs.

Chaque PCDN contient au moins deux piliers pour mettre en œuvre cette évolution locale:

  • la concrétisation des projets avec les acteurs concernés (mares dans les écoles, vergers, haies, mesures agri-environnementales avec les agriculteurs, jardins naturels chez les particuliers, le maintien et la gestion des réserves naturelles, les opérations “combles et clochers” et “bords de routes”, …): c’est le pilier conservation et développement du réseau écologique communal;
  • la sensibilisation continue de l’ensemble de la population, parmi laquelle une grande partie d’acteurs qui ne sont pas encore partenaires du PCDN et qu’il reste à convaincre: c’est le pilier information, sensibilisation, éducation de la population en général et de certains publics cibles.

Quand? Où? Combien de PCDN?

On compte aujourd’hui une quarantaine de communes qui élaborent un PCDN (voir liste ci-dessous). Toutes n’ont pas le même niveau d’avancement dans l’élaboration de leur plan ou dans sa concrétisation. Ce niveau dépend fortement du réel climat de confiance et du dynamisme qui se sont installés au sein du partenariat communal (ces deux aspects sont eux-mêmes tributaires de nombreux facteurs qu’il serait trop fastidieux de passer en revue ici).

L’état d’avancement de chaque commune dépend aussi de son historique.

Un premier groupe de cinq communes [1] a servi d’expérience pilote pour les PCDN sous l’appellation de “Contrats Biodiversité”, sous l’égide de la Fondation Roi Baudouin et ce dès 1993. En 1995, la Région wallonne a décidé de continuer cette expérience en sélectionnant une vingtaine [2] de nouvelles communes en PCDN (sur base d’un dossier de candidature ad hoc), puis une dizaine [3] en 1998. Enfin, quatre communes [4] qui n’avaient pas complètement répondu aux critères de sélections précédents ont été repêchées en 1999.

Chacune présente une expérience concrète plus ou moins longue selon son ancienneté mais pas seulement. Car chaque contexte communal est différent: finances, personnel “environnement”, mais aussi héritage d’un passif relationnel entre certains acteurs ou entre partenaires et la commune, etc. Les difficultés de mise en œuvre d’un PCDN sont aussi très différentes entre les PCDN “urbains” (Liège, La Louvière, …) et ruraux.

La mise en place d’un partenariat animé d’un climat positif pourra prendre plus ou moins de temps, ce qui se répercutera sur l’élaboration et la concrétisation du plan lui-même. N’omettons pas l’influence d’événements “extérieurs” tels que la réforme des polices et son impact sur les communes, l’évolution de certaines législations (épuration, déchets, permis d’environnement, cwatup, …), …, ainsi que les inévitables élections communales (changement d’échevin de l’environnement ou continuité, …).

Concrètement? Etat 2002

Actuellement, la situation des PCDN au 1er janvier 2003 nous indique que 26 communes sur 41 ont élaboré leur plan et l’ont signé avec leurs partenaires. Cette signature symbolise la volonté de prendre en compte la nature et de réaliser les projets du plan, selon les possibilités financières, matérielles et humaines.

Les projets réalisés? Ils sont très nombreux et très variables d’une commune à l’autre, de nombreux partenaires différents y participent. Ils touchent vraiment à l’ensemble des milieux qui constituent un territoire: arbres, haies, vergers, champs, forêts, jardins, parcs et espaces verts, mares, zones humides et rivières, carrières, zones industrielles, abords de complexe sportif, combles et clochers, bords de routes, …

Les communes qui n’ont pas encore élaboré et/ou signé leur plan ont souvent déjà réalisé quelques projets concrets, ce qui répond à un souhait local et qui permet aussi de tester le partenariat.

Toutes font évidemment de la sensibilisation active de leur population et, là aussi, les moyens les plus divers sont utilisés: du classique toute-boîte jusqu’au “bus information” en passant par l’exposition, la conférence thématique, etc.

Sans oublier qu’un projet concret réalisé et donc visible par la population constitue également un moyen efficace pour valoriser la nature et le PCDN lui-même.

Premières conclusions?

Quels que soient la commune et les résultats obtenus, un PCDN peut être décrit et caractérisé par trois éléments principaux:

  • il n’existe pas vraiment sans un minimum de volonté réelle de la part du politique communal, bien sûr, mais aussi d’un premier groupe de partenaires (un noyau de base local, germe d’un potentiel plus large);
  • il se préoccupe aussi bien de nature ordinaire qu’extraordinaire!;
  • pour ce faire, il vise le changement des mentalités d’un maximum d’acteurs concernés (il y en a beaucoup plus que pour la seule nature dans les réserves) et le long terme.

Dans ce cadre, le PCDN est davantage un outil qui planifie et rend récurrentes et permanentes une sensibilisation et une éducation du citoyen à la nature. Dans le bruit général des préoccupations quotidiennes, le PCDN facilite l’émergence d’une prise de conscience vis-à-vis de la biodiversité qui est à la fois berceau et source d’avenir pour l’homme.

Face à un enjeu d’une telle importance, le PCDN peut sembler un outil faible. A moins que le défi posé ne soit si complexe qu’il faille encore du temps aux PCDN pour faire véritablement leurs preuves? Assurément, associer des acteurs d’horizons aussi divers autour d’un objet commun, la biodiversité, est un véritable défi. Qu’ils parviennent à s’accorder sur ce que représente la nature et sur ce qu’il veulent en faire est encore une autre étape: “on n’a pas que ça à faire” ou “donnons-lui une chance”? Ou mieux encore: “elle est une chance pour l’homme, rendons nous en responsables”!?

Les PCDN sont encore jeunes et un ensemble de questions plus appropriées au sujet de leurs potentialités pourraient être:

  • lesquelles (exprimées ou non) recèlent-ils vraiment?
  • si elles ont déjà commencé à s’exprimer, où et pourquoi là plutôt qu’ailleurs?
  • sinon, quels facteurs les en empêchent ou les freinent?

L’investigation est en cours.

Des réponses apportées à ces questions dépendra l’avenir d’un outil (améliorations, extensions, …) qui est peut-être aussi lui-même un outil de l’avenir, …

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Toute commune intéressée par la dynamique du PCDN peut s’adresser par courrier:

  • au Cabinet du Ministre de l’Agriculture et de la Ruralité, Monsieur José Happart, Avenue Reine Astrid, 39 à 5000 Namur (Mme Christine Longuerstay 081 7103 15);
  • à la Direction de la Nature - DFN/ DGRNE, avenue Prince de Liège, 15 à 5100 Jambes (M. Pascal Petit 081 33 58 78).

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  1. Beaumont, Chastre, Pont-à-Celles, Saint Hubert et Visé.
  2. Aiseau-Presles, Anthisnes, Beauvechain, Bertrix, Braine-le-comte, Chaudfontaine, Comblain-au-pont, Comines, Couvin, Eupen, Flémalle, Gerpinnes, Grez-Doiceau, Liège, Mons, Ottignies-LLN, Rebecq, Seneffe, Stoumont, Sivry-Rance, Viroinval, Virton, Welkenraedt.
  3. Bastogne, Charleroi, Habay, Ham/Heure, La Louvière, Namur, Rixensart, Tellin, Tenneville, Verviers.
  4. Durbuy, Geer, Houffalize, Ohey.

Auteur Conseiller(e)(s) / personne(s) de contact
Environnement : Arnaud Ransy - Christel Termol - Marie-Sophie Burton - Emmanuelle Jouniaux - Frédérique Witters - Matteo Gastout
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Assemblée générale UVCW 2025

Date de mise en ligne
7 Mars 2005

Auteur
Pascal Petit

Type de contenu

Matière(s)

Environnement
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