Ce document, imprimé le 26-04-2024, provient du site de l'Union des Villes et Communes de Wallonie (www.uvcw.be).
Les textes, illustrations, données, bases de données, logiciels, noms, appellations commerciales et noms de domaines, marques et logos sont protégés par des droits de propriété intellectuelles.
Plus d'informations à l'adresse www.uvcw.be/info/politique-confidentialite
Mis en ligne le 22 Mai 2023

L’Union des Villes et Communes de Wallonie (UVCW) a tenu ce mardi 23 mai son Assemblée générale annuelle à Namur. Plus de 170 mandataires communaux étaient inscrits à cette AG, représentant 88 communes wallonnes (34%).

L’occasion de rappeler et saluer l’impressionnant travail accompli par nos 262 villes et communes et l’UVCW durant ce millésime 2022[1], encore marqué par de multiples crises (guerre en Ukraine, crise de l’accueil des réfugiés, choc énergétique et inflationniste). L’ensemble prenant, après la crise sanitaire et avec des difficultés financières permanentes en toile de fond, des allures de véritable choc systémique pour nos communes, CPAS, sociétés de logement publiques, intercommunales, zones de police et de secours.

Dans ce contexte dramatiquement chahuté, un nombre croissant de municipalistes tombe dans l’épuisement physique et moral, se décourage, doute, remet en question son engagement politique au service de la démocratie locale et de la chose publique. C’est ce que révèle une enquête UVCW/Dedicated, largement commentée lors de cette AG. Les enseignements qu’elle livre interpellent et inquiètent dans la perspective des scrutins communaux de 2024 et 2030.

Que retenir de l’enquête « blues des élus locaux » ?

« D’abord, au niveau de l’état d’esprit des élu.es, que le sentiment de « blues » est réel », entame Maxime DAYE, le Président de l’UVCW. « Si la tonalité qui reste globalement positive, la dégradation est sensible en 4 ans. L’exercice du mandat apparaît clairement plus difficile aujourd’hui qu’hier. Nos mandataires exécutifs – bourgmestres, échevins et présidents de CPAS - sont (trop) nombreux à avouer une fatigue croissante, une sérénité écornée et une motivation déclinante ». « Ils demeurent fiers d’exercer leur mandat, mais le tribut à payer est très, trop lourd : la charge psycho sociale est élevée, et davantage encore pour les élues : 7 sur 10 sont parfois démotivé.es. A tel point que, tous mandats confondus, 5 sur 10 ont déjà songé à jeter l’éponge au cours de la mandature ! »

Des inquiétudes pour 2024…et au-delà

Ensuite, en prévision des élections en 2024, le tableau s’assombrit : 4 élus sur 10 songent à ne pas se représenter aux suffrages, et 1 sur 10 souhaite même quitter définitivement la politique. « Ce constat ne manque pas de susciter une vive inquiétude à l’UVCW, car si cette tendance devait se confirmer, la démocratie locale en Wallonie serait réellement en grand danger », alerte-t-il.

Parmi les raisons de quitter évoquées : la balance entre vie professionnelle et vie privée, la charge de travail, l’exigence élevée des citoyens et le sentiment de ne pas avoir un impact suffisant, en particulier chez les femmes. Selon Maxime Daye, « il y a manifestement encore beaucoup à faire pour l’égalité homme/femme en politique ».

Des relations qui s’abîment

Clairement, la relation entre les élus et les citoyens s’est dégradée depuis 4 ans. Ils l’attribuent à la pression des réseaux sociaux, à l’intérêt personnel du citoyen, au niveau d’exigence croissant envers le politique local et au besoin d’avoir une réponse immédiate. Avec des dérives déplorables : « des conflits +/-violents, attestés par nos mandataires, victimes d’injures, de menaces verbales et physiques, de fake news, de cyberharcèlement, d’actes de violence ». La parade existe : « 6 sur 10 ont déjà répliqué à des agressions, prenant contact pour une discussion franche et directe, déposant plainte à la police ou via une procédure au pénal ou au civil ».

Les relations avec les autorités supérieures en déçoivent beaucoup, surtout les Bourgmestres. « Ce qui fait défaut, c’est une meilleure information, un soutien financier, du respect et de la considération de la part des autorités supérieures, de même que de l’autonomie et des responsabilités allégées. Le soutien logistique, la lassitude face aux appels à projets, les interrogations quant à la pertinence des démarches administratives, leur lourdeur, la méconnaissance du terrain local, la méfiance des autorités supérieures et le souhait d’une meilleure concertation terminent la liste », énumère le Président de l’UVCW.

Des missions à alléger ?

Près de la moitié des répondants estiment d’ailleurs que certaines missions ne devraient plus/pas être du ressort des politiques communales et locales. Pour l’UVCW, « ce constat mérite réflexion et approfondissement, mais 3 attributions émergent : les zones de police, les zones de secours et la gestion de crise ».

Quant à l’exercice du mandat, 70% des bourgmestres font état d’une difficulté croissante et d’une attractivité de la fonction en baisse.

Si bien que l’avenir est perçu de manière assez sombre : pour 75% des répondants, le mandat local ne suscitera plus de vocation durable à l’avenir.

Conclusion : un signal d’alarme qui appelle des réponses

Et Maxime Daye de synthétiser : « nos élu.es soufflent le chaud et le froid. Certes, les listes se rempliront tant bien que mal pour les élections de 2024, mais quid de la mandature suivante ? Les résultats peuvent/doivent s’interpréter comme un véritable signal d’alarme. Nos élus sont toujours animés du sens du devoir. Ils et elles sont fiers de leur mandat et y trouvent encore du sens. Mais la fatigue gagne, la motivation s’érode, l’enthousiasme s’effrite. Être femme ou homme politique aujourd’hui est bien plus difficile qu’hier, c’est manifeste. Donc, pour conserver intacte la démocratie locale, il faut se retrousser les manches et renforcer d’urgence les élus locaux à l’horizon 2030 ».

Alors, quels remèdes ?

Pour les municipalistes wallons, « c’est par le travail de proximité que la confiance pourra être restaurée entre l’homme politique et la population et qu’un nouveau « pacte sociétal » avec l’ensemble de la population pourra se dessiner. Mais alors, arrêtons de mettre à mal les élu.es et de décourager complètement les vocations ! ». Et Maxime Daye de remettre chacun.e face à ses responsabilités :

Aux élu.es : soyez irréprochables et transparents, dégagez du temps pour vous former, ravivez la démocratie participative, armez-vous contre les dérives des réseaux sociaux et ne vous laissez pas faire lorsque vous êtes attaqués ;

Aux citoyens : intéressez-vous à la gestion de l’intérêt général et aux missions de vos élu.es, revenez au conseil communal et ne sombrez pas dans les dérives des réseaux sociaux ;

Aux partis politiques (et à leur présidents) : chérissez vos élu.es locaux, ce sont eux qui pourront réconcilier le citoyen et la politique ;

Au législateur (et donc aux députés et aux présidents d’assemblée) : légiférez pour protéger l’exercice du mandat local, il en va de l’équilibre sociétal qui profite à chacun ;

A la justice : facilitez la possibilité pour les élu.es de poursuivre les auteurs de délits à leur encontre, et notamment via les réseaux sociaux ;

Aux assureurs : proposez aux élu.es des assurances défense en justice qui les soutiennent ;

Aux autorités supérieures belges (Région wallonne, Gouvernement fédéral, …) : améliorez le statut des mandataires pour garder le mandat intéressant et susciter des vocations ; réformez en profondeur la fonction publique locale pour la rendre plus attractive ; arrêtez la bureaucratie ; simplifiez et soutenez les pouvoirs locaux (soutien financier et logistique, notamment pour les aider à mutualiser) ;

A l’Europe : régulez les réseaux sociaux et maitrisez l’intelligence artificielle lorsqu’elle sert la tromperie, la désinformation et la déstabilisation ;

A la presse : mettez en avant ce qui va bien, les bonnes pratiques et les réussites des élu.es locaux ; gardez-vous du bashing politique gratuit pour faire de l’audience ;

A l’Union des Villes et Communes de Wallonie : portons haut et fort les revendications de nos élu.es, leur cri d’alarme, pour que la démocratie locale se renforce à l’horizon 2024 !

De cette enquête, l’UVCW a tiré de nombreux enseignements, et autant de pistes de solutions (cf. annexe 3), qui feront l’objet de débats lors de l’AG du 23/5, au sein de 2 tables rondes, l’une consacrée aux réseaux sociaux, l’autre à la participation citoyenne. 

 

[1] Le rapport d’activités 2022 de l’UVCW est téléchargeable et consultable en ligne : www.uvcw.be => pulications => catalogue => ouvrages à télécharger

Soutien à la population ukrainienne
Souhaitez-vous recevoir les dernières actualités par email concernant la situation en Ukraine et le soutien à sa population ?
Formations - Mandataires
Voir le catalogue complet

Date de mise en ligne
22 Mai 2023

Type de contenu

Matière(s)

Mandataires
Activez les notifications

Soyez notifié de toutes les nouveautés dans la matière Mandataires